NouvellesLe virage électrique dans le camionnage québécois freiné par la suspension du...

Le virage électrique dans le camionnage québécois freiné par la suspension du programme Écocamionnage

Un concessionnaire de camions - Volvo - électriques faisant face à des incertitudes suite à la suspension du programme Écocamionnage au Québec.

Le virage électrique dans l’industrie du camionnage québécois est en difficulté. La suspension soudaine du programme Écocamionnage, conçu pour atténuer les coûts d’acquisition de camions électriques, a créé une onde de choc dans le secteur.

Ce programme gouvernemental, qui visait à encourager l’électrification du transport de marchandises tout en aidant les entreprises à supporter les coûts élevés associés à cette transition, a été interrompu sans préavis, laissant l’industrie dans une grande incertitude.

Une pression croissante sur les constructeurs

Les constructeurs comme Paccar, Daimler et Volvo, leaders de la fabrication de camions lourds, sont soumis à des objectifs environnementaux stricts. Ces entreprises doivent répondre à des exigences de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’amélioration de l’efficacité énergétique dans le cadre de la transition vers des véhicules électriques et à faible émission. Ces objectifs, imposés à la fois par les régulations gouvernementales et les attentes du marché, influencent directement leur capacité à vendre et à maintenir leur part de marché.

En cas de non-respect de ces objectifs, les constructeurs risquent de perdre des incitatifs financiers essentiels à la compétitivité de leurs véhicules électriques. De plus, leur crédibilité et leur capacité à nouer des partenariats avec des entreprises engagées dans la réduction des émissions pourraient être affectées. Cette pression croissante est donc un moteur puissant qui pousse ces constructeurs à innover rapidement et à investir massivement dans la recherche et le développement de technologies vertes.

Cependant, les concessionnaires représentant ces grandes marques ressentent également cette pression. Ils doivent non seulement vendre ces camions plus chers, mais aussi naviguer dans un contexte d’incertitude provoqué par la suspension de programmes de soutien financier comme Écocamionnage. Ce programme était crucial pour alléger les coûts d’acquisition de camions électriques, notamment grâce à des subventions pouvant atteindre 175,000$ par camion, en plus d’un soutien fédéral supplémentaire.

La suspension qui freine le progrès

La suspension de ce programme a provoqué un vent de panique parmi les concessionnaires québécois. Ceux-ci craignent que les commandes de camions électriques déjà placées soient annulées par des clients qui comptaient sur ces subventions pour rendre leurs achats plus abordables. Étant donné que la subvention provinciale était perçue après la réception des véhicules, cela laisse les clients dans une grande incertitude quant à l’obtention de cette aide pour les camions déjà commandés. Ce manque de garantie pourrait potentiellement pousser certains à renoncer à leurs achats, provoquant un effet domino négatif sur tout le secteur.

Le coût élevé des camions électriques

L’achat d’un camion électrique représente un investissement considérable pour les entreprises de transport. Le coût d’un poids lourd électrique peut atteindre 600 000$, soit environ trois fois le prix d’un camion à moteur diesel traditionnel. Sans les subventions offertes par les gouvernements, cette différence de coût devient un obstacle majeur à l’adoption de ces technologies. L’écart est particulièrement difficile à combler pour les petites et moyennes entreprises (PME) du secteur du transport, qui peinent à absorber des coûts si élevés sans soutien.

Les concessionnaires, pour leur part, doivent gérer la pression financière liée à la suspension du programme. En attendant la livraison des véhicules, ils sont contraints d’assumer les coûts de financement, qui peuvent atteindre plusieurs dizaines de milliers de dollars par mois pour une flotte de camions en stock ou en commande. Si les clients refusent de prendre livraison de leurs véhicules en raison de l’incertitude entourant les subventions, ces concessionnaires se retrouvent avec un inventaire coûteux et invendu, aggravant ainsi leur situation financière.

Une situation préoccupante pour l’industrie

L’électrification du transport de marchandises est encore en phase de développement au Québec, contrairement aux véhicules de promenade électriques, dont l’adoption est déjà bien plus avancée. Les camions électriques, eux, circulent depuis moins longtemps sur les routes de la province, et l’industrie du transport avait entrepris de nombreux efforts pour s’adapter à cette transition. Cependant, la suspension soudaine du programme Écocamionnage risque de compromettre ces progrès et d’ébranler la confiance des entreprises dans l’adoption de ces nouvelles technologies.

Appels à réinstaurer le programme

Face à cette situation critique, plusieurs acteurs de l’industrie réclament une révision immédiate de cette suspension. Ils demandent que le programme Écocamionnage soit réinstauré rétroactivement afin de minimiser les impacts financiers négatifs et de permettre aux entreprises de continuer leur transition vers des solutions de transport plus écologiques. Des organisations comme l’Association du camionnage du Québec (ACQ) appellent à l’utilisation des fonds disponibles dans le cadre du Fonds d’électrification et de changements climatiques pour relancer le programme.

L’incertitude qui plane sur l’industrie

Malgré ces appels, le ministère des Transports n’a pas encore fourni de réponse claire sur les raisons de la suspension du programme ni sur les solutions de remplacement qui pourraient être mises en place. Bien que le plan de mise en œuvre 2023-2028 du gouvernement prévoyait une augmentation des fonds alloués à Écocamionnage, avec un budget qui devait atteindre 95 millions de dollars d’ici 2028, l’avenir du programme reste flou.

L’industrie du camionnage québécois se trouve donc dans une situation critique. Sans soutien financier, l’adoption des camions électriques risque d’être considérablement ralentie, ce qui compromettrait non seulement les efforts de réduction des émissions de GES dans les transports, mais également la compétitivité des entreprises du secteur face à leurs concurrents internationaux.

Plus sur le sujet : 
Truck Stop Québec, c’est aussi : 
Sophie
Sophie
Sophie Jacob possède une solide expérience et des qualifications notables dans le domaine de l'édition. En tant que rédactrice en chef chez Truck Stop Québec, elle supervise attentivement le contenu éditorial des articles, des actualités et du programme radio. Elle joue également un rôle actif dans la recherche d'informations et la création de contenus pour les réseaux sociaux, ainsi que dans la réalisation de segments radio de qualité.

ARTICLES CONNEXES

Actualités récentes

ashtelecall