Récemment, le Groupe Trans-West et son PDG, Réal Gagnon, ont lancé un appel à tous les acteurs du camionnage pour qu’ils se prononcent contre le modèle des “chauffeurs inc”. Ce système nuit gravement aux entreprises qui offrent de bonnes conditions d’emploi à leurs routiers et crée une concurrence déloyale. Chez Trans-West, cette situation dans le contexte économique actuel les a forcés à prendre une décision difficile : baisser le salaire de leurs employés de 10%.
« Chez Trans-West, nous investissons environ 25% de notre masse salariale en avantages sociaux et redevances, soit environ 7 millions de dollars par an. En comparaison, ces compétiteurs frauduleux ne contribuent rien, leur offrant ainsi un avantage concurrentiel injuste », explique M. Gagnon.
Pour bien comprendre les enjeux, il faut d’abord savoir qui sont les chauffeurs incorporés. Ce sont des travailleurs qui fournissent exclusivement leurs services à une entreprise en utilisant les camions de cette dernière. Ils sont rémunérés comme des sous-traitants par leur propre entité juridique, l’incorporation, et non en tant qu’employés directs de l’entreprise.
Contrairement aux voituriers (brokers), ces chauffeurs n’ont pas à payer pour l’achat, l’entretien ou les réparations des camions qu’ils conduisent. Cependant, ils ne bénéficient pas des protections et avantages sociaux habituellement accordés aux employés salariés. Ils n’ont pas de couverture d’assurance, pas de vacances, ni d’entente salariale ou de convention collective. En embauchant des chauffeurs inc, une entreprise économise sur les charges sociales et les assurances, contrairement aux autres entreprises de transport ou aux voituriers-propriétaires qui supportent ces coûts eux-mêmes.
Pierre-Yves McSween, expert financier s’exprimant sur les ondes du 98,5 fm, a qualifié le modèle des chauffeurs inc de perversion pour l’industrie. Il ajoute : « Je ne pense pas qu’avec un INC, tu fasses la passe fiscale du siècle. (…) Si vous n’êtes pas capables d’aller chercher de 50% à 70% de plus de paye pour compenser les pertes de revenu et les pertes de coûts ailleurs, vous êtes en train de faire un très mauvais calcul… »
En ne payant pas de redevances et d’avantages à leurs employés, les entreprises qui embauchent des chauffeurs inc réduisent les coûts de transport, rendant difficile pour les autres entreprises de rester compétitives. Ce modèle affecte directement la capacité des entreprises à offrir une bonne qualité de travail et des salaires adéquats. Cette pratique crée une concurrence déloyale envers les entreprises respectueuses des règles, en permettant à certaines de soumissionner à des prix inférieurs sur les appels d’offres, menaçant l’équilibre du transport routier.
L’Association du camionnage du Québec (ACQ) estime que ce modèle a entraîné une perte de près de 2 milliards de dollars en cotisations sociales pour l’État québécois au cours de la dernière décennie.
Que pouvons-nous faire?
En cliquant sur ce lien, vous pouvez demander au gouvernement fédéral d’agir : stopponschauffeurinc.ca
Votre voix peut :
- Mettre un frein à l’évasion fiscale
- Restaurer l’équilibre dans le marché du transport
- Améliorer les conditions de travail
- Assurer la sécurité d’emploi pour les travailleurs respectueux des lois
Chaque voix compte dans la lutte contre ces pratiques frauduleuses. Soutenez nos entreprises de transport, telles que Trans-West, Erb, Groupe TYT, Groupe Robert, Guilbault, Transport Hervé Lemieux, DFS et plusieurs autres… ainsi que l’Association du Camionnage du Québec et l’Alliance Canadienne du Camionnage.
« C’est un phénomène très fort en Ontario et, maintenant, avec les soumissions électroniques, nous compétitionnons contre ces gens-là. On a vu des entreprises québécoises légitimes perdre des contrats importants. C’est la grosse problématique en ce moment », constate Éric Gignac, PDG du Groupe Guilbault.