Jacques Dubé, fort de 60 ans d’expérience dans le camionnage, incarne expertise et passion dans l’industrie du transport routier.
Dans le cadre de la Semaine nationale du camionnage, nous avons eu le privilège de discuter avec des figures marquantes de l’industrie. Parmi elles, Jacques Dubé s’est particulièrement distingué.
À 83 ans, avec 60 ans de carrière derrière lui, Jacques continue de travailler pour Signalisation Choquette et fils, une entreprise qu’il apprécie pour son environnement dynamique. Malgré son âge, ce vétéran du transport routier a encore l’énergie et l’enthousiasme d’un jeune homme. Mais comment ce pionnier a-t-il débuté dans le monde du camionnage, un domaine qui a tellement évolué depuis ses premières heures sur la route?
« 60 ans légal, parce que j’ai commencé à conduire à sept ou huit ans. Comme tous les jeunes qui étaient élevés à la campagne dans mon temps! » s’est-il exclamé en début d’entrevue.
Il explique que son initiation au travail a été très précoce. À une époque où l’on n’avait pas encore accès aux technologies modernes, le travail à la ferme nécessitait la contribution de chaque membre de la famille et du voisinage, même les plus jeunes. Jacques se retrouvait donc souvent aux commandes du tracteur pendant les mois de foin, un moment crucial de l’année pour les agriculteurs.
« Ça prenait un jeune pour conduire le tracteur. Les plus vieux faisaient la grosse ouvrage. »
C’était là que Jacques a développé ses premières compétences en conduite. Il savait déjà, à cet âge, que la route l’appelait, c’était un naturel.
Plus tard, à l’aube de l’âge adulte, Jacques a décroché son premier emploi officiel dans le transport lourd. Il se rappelle ses débuts avec un vieux International Kb7, un camion de l’époque qui, malgré sa rusticité, accomplissait de lourdes tâches.
« Mon premier employeur, c’était dans l’oversize. Je travaillais avec un International Kb7 pour transporter des citernes de 11 pieds et 11 pouces et demi, pour des plans d’huile, principalement pour Esso. Des réservoirs qu’ils installaient un peu partout le long des chemins de fer. »
Dans ces premières années, le transport était bien différent de ce qu’il est aujourd’hui. Le pétrole arrivait par train et était stocké dans des réservoirs, près des chemins de fer, et il était ensuite redistribué.
En 1965, une autre grande étape de sa carrière est arrivée : il a été embauché par Texaco.
« C’était une compagnie américaine, mais il y avait une filiale canadienne. Puis ça a été racheté par Esso. On livrait beaucoup dans les stations-service, mais à l’occasion, on allait remplir les réservoirs à Joliette ou à Sainte-Agathe, quand il n’y en avait pas assez pour les wagons ou qu’ils étaient sur le point d’en manquer. »
À cette époque, les grandes entreprises de pétrole, comme Texaco, Esso, Shell, et même Ultramar, disposaient de leurs propres flottes de camions. Jacques se souvient des chauffeurs qui étaient toujours impeccablement habillés, en cravate et uniforme, un symbole de fierté pour ces hommes qui représentaient leurs entreprises.
« On était bien traité dans ce temps-là. Je me rappelle, je gagnais 14$ de l’heure chez Texaco, au début des années ’70. On avait les uniformes payés, des assurances maladie, des plans d’épargne, et un plan de retraite… »
Les conditions de travail étaient excellentes. Mais, il n’est pas prêt à dire que ce sont ses meilleures années. Jacques insiste sur le fait qu’il a toujours aimé les emplois qu’il a occupé au cours de sa carrière dans le camionnage.
« Tu sais, si on n’aime pas un travail, bien, on va voir ailleurs. »
Pour lui, le secret d’une carrière longue et satisfaisante réside dans l’amour du métier.
Aujourd’hui, après plus de six décennies dans l’industrie, Jacques n’a pas encore accroché ses clefs. Depuis sept ans, il travaille pour Signalisation Choquette et fils, une entreprise spécialisée dans la signalisation routière. En semi-retraite, il continue de contribuer, se rendant disponible en cas de besoin, notamment lors d’interventions d’urgence sur les routes.
« Par exemple, ce matin, il y avait une urgence parce qu’un camion a brûlé sur l’autoroute 30 la nuit dernière. Il y a eu un déversement de produits, alors il fallait ramasser la tourbe contaminée ce matin. Ce sont des appels pour des interventions d’urgence. »
Dans ses fonctions actuelles, Jacques joue un rôle essentiel en veillant à la sécurité des travailleurs sur les chantiers. Il continue d’assurer la protection de ses collègues, un aspect de son travail qui mérite d’être souligné.
Le travail de Jacques va bien au-delà d’une simple occupation, c’est une véritable mission. Il peut être fier de ce qu’il accomplit, et il est évident que son expertise est toujours aussi précieuse dans l’industrie. Le camionnage n’a jamais été qu’un métier pour lui, c’est une vocation, une passion qui l’a accompagné à travers les décennies.