Depuis le 15 novembre 2024, les travailleurs de Postes Canada sont en grève, paralysant les opérations de la société d’État à travers le pays.
Environ 55,000 employés participent à ce mouvement, réclamant des augmentations salariales et de meilleures conditions de travail. Ce mouvement survient à la suite de l’échec des négociations entre Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), qui réclame des hausses salariales, des conditions de travail plus sécuritaires et une expansion des services postaux publics.
Pendant la période de pointe des fêtes, cette grève entraîne des retards importants et crée des défis logistiques pour les entreprises canadiennes. Afin de compenser, plusieurs expéditeurs redirigent leurs colis vers d’autres transporteurs, ce qui met à rude épreuve les capacités de ces derniers. Les experts avertissent que même si la grève prend fin rapidement, les retards persisteront en raison du volume accumulé.
Plus d’un milliard en pertes
Postes Canada a enregistré des pertes totalisant 1,6 milliard de dollars au cours des six dernières années, ce qui complique les négociations salariales.
Malgré la croissance des achats en ligne, Postes Canada enregistre des pertes importantes en raison de la baisse continue du volume de courrier traditionnel, de la concurrence féroce sur le marché des colis et de coûts opérationnels élevés, notamment liés à la modernisation des infrastructures et aux salaires. Ces défis structurels compromettent la viabilité financière de l’entreprise, même dans un contexte de forte demande pour les livraisons.
Durée et négociations en cours
L’issue de la grève dépend de la capacité des deux parties à trouver un terrain d’entente. Le syndicat, dirigé par Jan Simpson, a récemment proposé des compromis pour répondre aux demandes des employés et de l’employeur. Toutefois, Postes Canada signale des divergences importantes, notamment sur des enjeux tels que la livraison les week-ends, les pensions et les salaires. En attendant une résolution, l’accumulation des colis risque de prolonger les retards.
Retards et impact économique
Neuf jours après le début de la grève, Postes Canada a signalé avoir traité huit millions de colis de moins par rapport à la même période l’année précédente, obligeant les clients à se tourner vers des services concurrents. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a estimé que la grève pourrait coûter plus d’un milliard de dollars aux PME, en raison de l’augmentation des coûts de livraison, des frais de stockage élevés et des commandes perdues.
Les performances de livraison à temps au Canada ont chuté de 14% depuis fin octobre, selon un rapport de Project44, signifiant qu’un nombre croissant de livraisons n’arrivent plus à leur destination à la date prévue. Ce déclin s’explique par la dépendance des expéditeurs à un nombre limité de transporteurs pour les livraisons nationales.
Solutions alternatives pour les transporteurs
Face à l’arrêt des services de Postes Canada, des entreprises comme UPS et Purolator ont ajusté leurs stratégies. UPS a temporairement gelé certains envois, tandis que Purolator limite les collectes de colis pour préserver la santé de son réseau. FedEx, pour sa part, a instauré une limite temporaire de cinq colis par dépôt. Ces mesures visent à gérer l’afflux de volume tout en maintenant la qualité du service.
Conséquences pour les expéditeurs
Les expéditeurs doivent désormais s’adapter en diversifiant leurs partenariats avec des transporteurs régionaux et en optimisant leurs options de livraison. Par exemple, l’utilisation de services porte-à-porte indépendants de Postes Canada s’avère essentielle pour éviter les retards. Toutefois, les coûts et la couverture des transporteurs régionaux peuvent poser des limites, en particulier dans les régions éloignées.
Une opportunité d’innovation logistique
La grève de Postes Canada, bien qu’elle pose d’importants défis, offre également une chance unique aux entreprises de réinventer leurs chaînes logistiques. C’est l’occasion de sortir des modèles traditionnels en explorant des solutions novatrices, telles que l’optimisation des itinéraires pour réduire les délais ou l’intégration de partenaires régionaux spécialisés pour combler les lacunes dans la couverture.
Cette situation est d’autant plus critique dans un contexte où les achats en ligne connaissent une croissance rapide, particulièrement durant la période des Fêtes. Ce volume accru de commandes exerce une pression supplémentaire sur les transporteurs, soulignant l’importance pour les entreprises de développer des systèmes logistiques flexibles et évolutifs. En s’adaptant à ces nouvelles réalités, elles peuvent non seulement atténuer les impacts actuels de la grève, mais également mieux se positionner pour répondre aux attentes d’un marché de plus en plus tourné vers le commerce électronique.
