Alors que les restrictions sanitaires sont progressivement levées pour permettre une reprise de l’économie, les entreprises sont maintenant frappées de plein fouet par les conséquences tangibles de la rareté de main-d’œuvre rappelle le Conseil du patronat du Québec.

Pour l’organisme, il faut s’attaquer rapidement au niveau de littératie et de numératie des travailleurs, transformer l’assurance-emploi, accroître la formation en entreprise et les investissements en innovation, viser un virage accru vers la diversité et de recourir davantage à l’immigration.

«Les employeurs déploient déjà plusieurs solutions, mais en vain : hausse des salaires, ajout d’avantages sociaux, primes à l’embauche, inclusion d’activités sociales originales, etc. Mais il faut faire plus, car il y a urgence d’agir. Aucune solution unique ne suffit, c’est plutôt la combinaison de plusieurs moyens qui sera la voie à suivre pour contrer la crise de main-d’œuvre au Québec», explique Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ en rappelant que le taux de chômage est à un plancher historique.

«L’élastique atteint le point de rupture. Alors que la province fracasse actuellement un nouveau record de 181 030 postes vacants, chiffre en constante hausse, il est impératif de mettre rapidement en application ces 10 solutions», indique-t-on.

Les voici :

  1. Valoriser l’excellence en innovation et en virage technologique
    Les entreprises québécoises doivent investir massivement dans les nouvelles technologies, l’automatisation et la robotisation afin de gagner en productivité.
  2. Améliorer le niveau de littératie et de numératie des travailleurs
    Près d’un Québécois sur deux est en situation d’analphabétisme. Ce chiffre est une crise à lui seul. Il rend ardue toute possibilité de formation ou de requalification. Il faut offrir des cours d’alphabétisation de façon à ce que ceux-ci puissent s’adapter à l’évolution technologique.
  3. Miser sur l’entreprise comme lieu de formation
    La main-d’œuvre qualifiée est trop rare. Les employeurs sont prêts à former eux-mêmes leurs ressources humaines, à condition de leur offrir le soutien adéquat.
  4. Attirer et retenir les travailleurs expérimentés
    Le taux d’emploi des 60-69 ans au Québec demeure plus faible qu’ailleurs au pays, et encore plus avec l’Ontario. En 2020, un rattrapage aurait représenté un apport de 75 200 travailleurs. Il faut encourager fiscalement ceux et celles qui veulent demeurer à l’emploi.
  5. Faire de l’assurance-emploi un outil de formation
    Le gouvernement du Canada amorcera sous peu une réforme du régime d’assurance-emploi (RAE). Profitons de cette révision pour y intégrer des mesures qui inciteraient les prestataires à suivre des formations entre deux emplois.
  6. Adapter les programmes pour les jeunes ni en emploi ni aux études ni en formation (NEEF)
    Les jeunes constituent 54 % de la nouvelle main-d’œuvre des 10 prochaines années. Bien que cette clientèle soit hétérogène, il faut adapter les programmes d’Emploi-Québec afin d’effectuer un suivi individualisé auprès d’eux et de leurs employeurs éventuels.
  7. Accélérer le virage vers la diversité
    Malgré de récents progrès, il est plus difficile pour les minorités racisées, les personnes en situation de handicap, les Autochtones, les personnes judiciarisées ou issues de la communauté LGBTQ+ de trouver un emploi. Nous proposons une série de mesures afin de corriger cette aberration.
  8. S’attaquer au défi de la reconnaissance des acquis et des compétences
    Trop de diplômes et d’expériences acquis hors du Québec ne sont pas reconnus. Une meilleure collaboration entre le milieu de l’éducation, des organismes d’aide à l’emploi et des employeurs pourrait mener à plus de certifications.
  9. Adapter le PTET à la réalité du XXIe siècle
    Le programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) permet de répondre plus rapidement aux besoins des employeurs que les programmes d’immigration permanente. Toutefois, ce programme est extrêmement rigide et nécessite une urgente mise à niveau.
  10. Ajuster les seuils d’immigration aux besoins de main-d’œuvre
    Depuis 1991, le Québec fixe lui-même le nombre de nouveaux arrivants qu’il souhaite sur son territoire. Pour toute sorte de considérations politiques, leur nombre ne cesse de diminuer depuis 3 ans. On n’accueille désormais que 12 % de l’immigration qui entre au pays, alors que nous sommes 23 % de la population totale du Canada.

    Nos seuils doivent être relevés. L’emploi demeure un excellent vecteur d’intégration, à la fois sociale, économique et linguistique. Le critère salarial ne doit pas être considéré comme un frein à l’entrée, car chaque maillon de la chaîne économique a besoin d’être soutenu.

 

(Source : Conseil du patronat du Québec)