Après 3 opérations de Contrôle Routier Québec en novembre et décembre 2024, puis janvier 2025, nous avons obtenu les résultats.
Sur 946 interceptions, il y avait 311 véhicules routiers immatriculés au Québec versus 635 hors Québec. La différence n’est pas aussi grande qu’on pourrait le souhaiter : 119 infractions commises par des camions du Québec, et 261 infractions par des camionneurs venant d’ailleurs que le Québec. Réparti en pourcentage, les camions venant de l’extérieur du Québec représentent 41,1% d’infraction sur 635 interceptions, comparativement à 38,8% pour les véhicules du Québec, pour les 311 camions vérifiés.
Nous aurions pu croire que les assurances seraient un enjeu majeur pour les véhicules venant de l’extérieur de la province, mais détrompez-vous. Au final, 2,4 % des infractions (15) concernaient les véhicules provenant de l’extérieur du Québec, tandis que 3,5 % des infractions (11) impliquaient des véhicules d’ici…
Permis de conduire : 3,3 % des infractions (21) concernaient les chauffeurs de l’extérieur du Québec, contre 3,9 % (12) pour les camionneurs d’ici. On est pratiquement nez à nez sur ce point, en tenant compte du nombre de véhicules inspectés. Toutefois, la tendance a dévoilé que les chauffeurs venant de l’extérieur sont souvent mal classifiés.
État mécanique : l’écart est plus marqué, avec 4,3 % des infractions (27) pour les camions de l’extérieur, contre 2,9 % (9) pour ceux du Québec.
Heures de conduite : sur un total de 110 infractions, 12,6 % (80) concernaient les chauffeurs hors Québec, contre 9,7 % (30) pour ceux d’ici.
Arrimage et poids : l’écart est minime, avec 18,58 % des camions de l’extérieur en infraction, contre 18,33 % pour les québécois. En théorie, on joue dans la même cour.
Ces chiffres soulèvent une question importante : comment expliquer notre performance? Les contrôleurs routiers ont mené leurs interventions de façon équitable. Il faut donc se regarder en face et admettre qu’il y a aussi des fautifs chez nous.
Mais aurait-on obtenu les mêmes résultats sans cette diffusion massive des opérations et des postes de pesée ouverts sur les réseaux sociaux? Difficile à dire. Une chose est sûre, cette visibilité a certainement incité plusieurs fautifs à ajuster leur comportement, du moins temporairement. Si ces opérations étaient menées en continu et que les entreprises ainsi que les camionneurs ne pouvaient plus simplement attendre la fermeture des postes de pesée, on aurait sans doute un portrait plus représentatif des infractions. Pour l’instant, ce bilan reste un sommaire, et non une vraie tendance à long terme.
Et force est d’admettre que plusieurs accidents graves impliquent des entreprises basées à Brampton et ailleurs au Canada. Manque de formation, absence d’expérience, mais surtout exploitation de chauffeurs issus de communautés de l’Inde, du Pakistan ou d’ailleurs, qui cherchent à améliorer leur qualité de vie mais se retrouvent sous-payés et exploités. Sans parler des taux ridiculement bas que ces entreprises imposent, faussant ainsi la compétition et pénalisant les entreprises qui, elles, paient honnêtement leurs charges fiscales.
Le dossier des Chauffeurs Inc. traîne toujours, malgré les recommandations de l’Association du Camionnage du Québec (ACQ) envoyées à la SAAQ et à la CRQ en novembre 2023. En avril dernier, lors du congrès de l’ACQ, il avait pourtant été question d’intensifier les inspections et de collaborer avec Revenu Québec pour mieux encadrer la situation. Mais depuis? Silence radio. Pendant ce temps, le stratagème continue de prendre de l’ampleur, sans qu’aucune sanction ne soit appliquée.
Marc Cadieux, PDG de l’ACQ, a formulé deux demandes précises aux autorités : élargir le cadre législatif de la CRQ pour renforcer les vérifications et assurer l’ouverture des postes de pesée 24/24. Qu’est-ce qui empêche d’accepter deux demandes simples?
Le problème dépasse largement la simple fraude fiscale. Il touche la sécurité routière, la formation des chauffeurs et même les assurances des entreprises. Il devient urgent de multiplier les inspections des camions immatriculés en Ontario et de s’attaquer aux compagnies qui exploitent le stratagème Chauffeur Inc.
L’industrie réclame des actions concrètes : plus de contrôles à Vaudreuil-Dorion et Les Cèdres, avec des postes ouverts 24/7 pour vérifier permis et assurances. Actuellement, ceux qui abusent du système opèrent en toute impunité, mettant la sécurité publique en jeu sans craindre de conséquences. Analyser, c’est bien… mais agir, c’est essentiel.
Une chose est certaine : il faut des interventions plus fréquentes de CRQ et un meilleur partage d’informations entre les différents paliers gouvernementaux. Et surtout, des agents en poste 24/24 aux endroits stratégiques.
Sophie Jacob possède une solide expérience et des qualifications notables dans le domaine de l'édition. En tant que rédactrice en chef chez Truck Stop Québec, elle supervise attentivement le contenu éditorial des articles, des actualités et du programme radio. Elle joue également un rôle actif dans la recherche d'informations et la création de contenus pour les réseaux sociaux, ainsi que dans la réalisation de segments radio de qualité.