NouvellesComment combler la pénurie de main d’œuvre dans le transport?

Comment combler la pénurie de main d’œuvre dans le transport?

Comme nous pouvons le constater présentement, la mode est au recrutement à l’étranger en ce qui à trait à la pénurie de camionneurs. L’Association du Camionnage de l’Ontario (OTA) a récemment demandé à son gouvernement provincial de lancer un programme pilote pour permettre aux transporteurs de recruter des travailleurs étrangers pour combler le manque de personnel routier.

À cet effet, le groupe Teamsters Canada s’est levé et a fait comprendre à l’OTA qu’il allait fermement s’opposer à ce projet, en faisant valoir l’importance d’améliorer en premier lieu le salaire et les conditions de travail des camionneurs pour être capable de garder ceux qui sont déjà à l’emploi, et rendre le métier plus attrayant pour les gens de chez nous.

« Les entreprises essaient d’amener de la main d’œuvre bon marché au Canada. C’est une attaque contre les travailleurs canadiens et la classe moyenne » a déclaré François Laporte, président du syndicat qui représente 15,000 routiers au Canada.

Bien que les intentions émises ci-haut soient honorables, le doute plane quant aux affirmations qui ont été fait par le président du syndicat concernant la main d’œuvre « bon marché » dans le système d’immigration de notre province. Les transporteurs québécois qui octroient des contrats de travail aux camionneurs étrangers sont dans l’obligation de respecter certains critères, voire entre autres :

  • Prouver à l’immigration qu’il y a bien un manque de main d’œuvre dans l’entreprise
  • Que tous les efforts sont déployés pour embaucher des travailleurs canadiens
  • Que les conditions offertes aux travailleurs outremers sont égales à celles des autres employés de l’entreprise

Mais, une chose est certaine, si des coûts faramineux sont dépensés pour recruter de l’autre côté des océans, pourquoi ne pas d’abord investir ces dollars ici? Comment, en 2019, les entreprises de transport, les associations de camionnage et les ministères peuvent influencer les travailleurs canadiens et la relève à s’intéresser au camionnage? Et surtout, comment peuvent-ils garder ceux qui exercent déjà le métier?

  • Continuer à monter la rémunération ; que ce soit le taux au millage ou le taux horaire, les bonus liés à l’emploi, le temps d’attente… il faut que ceux-ci correspondent aux responsabilités et aux difficultés que rencontrent le camionneur dans son travail.
  • Améliorer les conditions de travail; toutes les entreprises doivent être en mesure d’offrir aux routiers des équipements sécuritaires, des mises à niveau concernant les lois et les technologies, avoir du personnel pour soutenir les camionneurs sur la route et dans les difficultés que ceux-ci peuvent rencontrer. Des billets d’infraction et des complications, ce n’est pas payant et ce n’est pas bon pour la rétention. Un routier qui doit partir avec une remorque remplie de neige sur le toit, il fait quoi? Beaucoup de situations frustrantes et de risques peuvent être évitées.
  • Offrir de la flexibilité pour permettre aux routiers de conjuguer le travail aux responsabilités familiales. Peut-être que cela a des coûts, mais si cette initiative permet à l’industrie de s’ouvrir aux québécois et à la relève, aura-t-elle besoin d’investir autant d’argent dans le recrutement à l’étranger et d’énergie dans son énorme fardeau administratif?
  • Alléger les lois et la réglementation ; soutenir le routier dans le respect des lois et des règlements, respecter les heures de service de celui-ci, et de la part des gouvernements, modifier les lois afin que les routiers soient en mesure de pouvoir se reposer lorsque le besoin se fait ressentir, et non pas lorsque le log le permet uniquement. Ajuster la réglementation à la réalité des routiers afin que les camionneurs puissent exercer le métier en sécurité, tout en gardant la passion et la santé.
  • Promouvoir la santé ; si les employeurs continuent, de leur côté, de promouvoir la santé et de mettre en place des moyens d’aider leurs employés à bouger et à bien se nourrir, et à offrir de bons outils de travail, les routiers feront face à moins de blessures, moins de maladies, et pourront pratiquer le métier plus longtemps. Et, qu’on se le dise, un cas de CSST doit coûter plus cher qu’un recrutement étranger…
  • Reconnaitre la pénurie de camionneurs ; selon les statistiques, il n’y a pas de pénuries compte tenu du nombre de classe 1 délivré dans la population, mais les statistiques ne font pas mention du nombre de conducteurs possédant la classe 1 qui travaillent toujours derrière le volant d’un camion. Avec cette reconnaissance, il devient plus facile pour les entreprises de recruter à l’étranger, aux écoles d’investir en publicité pour recruter de la main d’œuvre dans le transport, au ministère de déployer les efforts requis pour diriger les gens en recherche d’emploi vers le camionnage, etc.
  • Formation payée et compensation; et si les entreprises offraient de payer la formation aux gens qui veulent devenir camionneurs? Soit une formation privée en entreprise, soit une compensation salariale pendant que la personne fait sa formation dans une école publique. N’aurions-nous pas plus de gens de chez nous prêts à retourner sur les bancs d’école pour devenir routier professionnel? Lorsque nous sommes déjà dans l’engrenage du travail, et que nous devons subvenir aux besoins de notre foyer, même si nous sommes malheureux dans notre emploi, un retour aux études exige une liberté financière que tous ne peuvent pas se permettre.
  • Assouplissement des impôts ; et si, après un certain nombre d’heures de travail par semaine, le gouvernement assouplissait le taux d’imposition? S’il prélevait moins d’impôts également aux gens qui continuent de travailler malgré l’âge de la retraite? Cela pourrait motiver les travailleurs à intégrer ou rester dans le camionnage, et à exercer le métier plus longtemps…

Les entreprises de transport gagnent à recruter des travailleurs étrangers, et pour embaucher de l’autre côté de l’océan, ils doivent avoir déployés tous les efforts possibles pour recruter les routiers canadiens. Mais, sont-elles vraiment allées au bout de leurs ressources? À qui donc revient la responsabilité de réviser les méthodes de recrutement en entreprise, connaissent-ils tous les enjeux du camionnage?

Une chose est certaine, de plus en plus de camionneurs embrassent la pénurie de main d’œuvres, qui semblent être favorable à l’amélioration des conditions de travail et du salaire des routiers professionnels, et de plus en plus de transporteurs se retrouvent avec le gros bout du bâton face aux clients les plus difficiles…

Ne manquez pas le podcast du 16 janvier 2019, en compagnie de Raymond Bureau, où nous parlons de la pénurie et des tendances dans le transport en 2019.

Éditorial de Sophie Jacob, rédactrice en chef

Source : Truck News, Yahoo! Finance

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Sophie Jacob possède une solide expérience et des qualifications notables dans le domaine de l'édition. En tant que rédactrice en chef chez Truck Stop Québec, elle supervise attentivement le contenu éditorial des articles, des actualités et du programme radio. Elle joue également un rôle actif dans la recherche d'informations et la création de contenus pour les réseaux sociaux, ainsi que dans la réalisation de segments radio de qualité.

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