Marc Cadieux, président de l’Association du camionnage du Québec (ACQ), continue de soulever des préoccupations importantes face à l’augmentation de l’utilisation du stratagème Chauffeur Inc, particulièrement du côté de l’Ontario.
Depuis la pandémie, cette situation s’est amplifiée, incitant de nombreux gestionnaires de l’industrie à s’exprimer publiquement contre ce fléau qui déstabilise le secteur du camionnage d’un océan à l’autre.
Ces chauffeurs, souvent issus de l’immigration, sont embauchés à des salaires bien inférieurs aux normes, parfois aussi bas que 10$/heure. Ce phénomène, « Chauffeur Inc. », implique des travailleurs dans des conditions précaires et sans protections sociales, une réalité que certains n’hésitent pas à qualifier de véritable « esclavage moderne ».
Les répercussions de cette concurrence déloyale, tant sur le plan économique que sur celui de la sécurité routière, préoccupent plusieurs bonnes entreprises québécoises, dont Transport Hervé Lemieux. Confrontées à des concurrents qui exploitent des chauffeurs mal rémunérés, des entreprises québécoises peinent à maintenir leur compétitivité. Transport Hervé Lemieux, notamment, craint que cette pression financière l’oblige à réduire ses effectifs.
Jean-François Pagé, VP Exécutif de Transport Hervé Lemieux, en faveur d’une enquête publique, est soutenu par Marc Cadieux, qui estime qu’il est peut-être temps de créer une commission d’enquête pour rétablir des pratiques justes dans le transport routier. L’objectif est de contrer les entreprises qui contournent les lois et les réglementations canadiennes en instaurant une concurrence injuste.
Pour l’ACQ, cet enjeu dépasse les seules considérations financières. Plusieurs entreprises jugent cette main-d’œuvre sous-payée comme un véritable danger sur les routes, employant des chauffeurs parfois mal formés et peu expérimentés. Un récent reportage de CBC/Marketplace a d’ailleurs exposé des pratiques de corruption pour l’obtention de permis, augmentant ainsi les risques d’accidents sur les routes du Québec et de l’Ontario.
Des camionneurs québécois témoignent même de leurs inquiétudes à circuler sur des routes comme l’autoroute 401, ou la 11/17 dans le nord de l’Ontario, qu’ils jugent de plus en plus dangereuses. Par ailleurs, ces chauffeurs, exploités et mal rémunérés, se retrouvent dans des conditions de travail inadmissibles.
Marc Cadieux estime qu’il n’est plus possible de rester inactif. Il appelle à une enquête publique pour mettre en lumière ce système qui, selon lui, compromet la crédibilité et la sécurité du secteur du transport. Il propose cinq mesures clés, dont le renforcement des pouvoirs de la CNESST et de Contrôle routier Québec, ainsi qu’une vérification stricte des assurances et permis de ces chauffeurs. L’objectif est de responsabiliser les entreprises et de garantir des conditions de travail et de sécurité adéquates pour tous les conducteurs.
Jean-Claude Daignault, président de la Fraternité des constables de Contrôle routier Québec, a également souligné un manque de ressources et de pouvoirs. Selon lui, une solution efficace pour limiter le phénomène des chauffeurs incorporés serait d’autoriser la saisie des véhicules en infraction, comme cela se fait dans le secteur des taxis. Il précise que les amendes s’avèrent inefficaces, car ces chauffeurs sont souvent affiliés à des entreprises fictives qui ne paient jamais leurs amendes. Pour lui, renforcer les pouvoirs d’intervention en permettant la saisie immédiate des véhicules non conformes est essentiel.
Des solutions existent, mais leur mise en œuvre reste en suspens. Pourquoi le gouvernement tarde-t-il à agir? Les enjeux sont cruciaux et concernent non seulement la santé de nos entreprises québécoises, mais aussi la sécurité et le bien-être de nos routiers, ainsi que la vie de tous les usagers de la route. Il est impératif de prendre des mesures rapidement!