(Photo : Calgary Herald)

Jeudi le 14 février, un convoi de plusieurs dizaines de camions a quitté Red Deer en Alberta pour rejoindre la capitale nationale et envoyer un message clair au premier ministre Justin Trudeau. Les canadiens et les canadiennes s’unissent pour exprimer leur colère causée par les décisions du gouvernement libéral, et son mépris envers les agriculteurs.

Les revendications du convoi

Sous le nom de « United we roll », les camionneurs et leurs supporteurs dénoncent la taxe carbone et demandent l’abrogation du projet de loi C-69 qui doit réformer la façon d’évaluer les risques pour l’environnement dans le cas de projets énergétiques majeurs. Ils demandent au premier ministre de supporter l’agriculture et ils souhaitent mettre en lumière la nécessité de construire des nouveaux pipelines.

« Nous dépendons encore du pétrole, et ce sera le cas tant qu’il n’y aura pas de véritable transition énergétique » rappelle Brian Barret, qui a perdu sa maison à la suite d’une perte d’emploi dans le secteur pétrolier.

Il souhaite également rappeler aux autre canadiens l’importance du pétrole pour un grand nombre d’industrie ; sans pétrole, pas de cellulaire, pas de voiture, pas de vêtement.

De la division des canadiens vers l’unité

« On ne fait pas ça que pour l’Alberta, mais pour tout le Canada, incluant le Québec » affirme Carl Edward Fleury, l’un des organisateurs. « C’est tout simplement pour briser le programme de division d’Ottawa, on veut unir tous les canadiens et créer une voix pour tout le monde. »

Des voitures se sont ajoutées au convoi ainsi que des camionneurs de la Saskatchewan, du Manitoba et de l’Ontario. Les gilets jaunes ont également uni leurs voix au groupe. Des centaines de personnes se sont rassemblés près de la route pour encourager le convoi lors de son passage vers Ottawa.

(Photo : BOE Report)

Ils ont gagné mardi la colline parlementaire et ils ont rejoint des gens qui sont venus de tous les coins du pays pour la cause.

Quelques témoignages

« Nous devons signer des contrats avec les industries pétrolières qui veulent s’installer sur nos terres » explique Jason LeBlanc, agriculteur. « Nous avons de bonnes relations avec ces compagnies, ils nous ont bien traité ces dernières années et nous voulons préserver nos bonnes ententes. » 
« Une fois que le pétrole est foré sur les terres d’un agriculteur, il est transformé en carburant, que les agriculteurs utilisent pour leurs équipements. Sans ces deux éléments, comment produire de la nourriture? » 
« Au Canada, nous avons tout ce qui est essentiel ; le secteur pétrolier, l’énergie, la nourriture et des politiques alimentaires bon marché… Nous avons tout ce qu’un pays peut espérer et l’agenda d’un seul homme est de le ruiner, et d’urbaniser les populations rurales. »
« Si le projet de loi C-69 est adopté, ce sera beaucoup plus difficile pour nous de construire les projets de pipeline sur lesquels nous comptons désespérément pour abandonner le pétrole étranger. Pourquoi encourager l’industrie du pétrole à l’étranger, qui n’est pas régie et qui ne tient pas compte des droits humains? » demande Cole Murphy de 10K Rentals Ltd.
Andrew Scheer (Photo : CBC)
« J’en ai assez des gens qui s’enchaînent à des arbres et qui s’étendent devant des bulldozers pour tenter d’empêcher l’énergie canadienne d’atteindre les marchés. Pourtant, jour après jour, nous voyons des pétroliers étrangers gagner nos marchés » a déclaré le chef du Parti conservateur Andrew Scheer, dans un discours s’adressant à la foule. « Il est temps que cela prenne fin. »

Des gilets jaunes qui font de l’ombre à la cause

De nouvelles causes se sont ajoutées au convoi lorsque les gilets jaunes ont joint la partie, dont le refus d’adhérer au pacte mondial sur les migrants. Selon la politologue Lori Williams, la cause soutenue au départ était engageante, soit le secteur pétrolier et de l’énergie. Mais, les problèmes qui viennent avec le mouvement des gilets jaunes risquent de nuire à la campagne.

« D’attirer l’attention sur d’autres problèmes, en particulier l’immigration, risquerait de faire dérailler ce que le mouvement ‘United we roll’ tente d’accomplir. »
« Jusqu’à présent, il semble que le message principal soit celui sur lequel les gens se concentrent, mais il y a eu aussi des histoires d’immigration et la suggestion que certaines de ces personnes font partie d’un groupe marginal, sont anti-immigration ou même racistes. Ils doivent rester concentré. »

Les organisateurs du convoi ont tenté de s’éloigner du mouvement des gilets jaunes au cours des dernières semaines, affirmant que la protestation du convoi incluait tout le monde. Le groupe, qui avait même reçu le nom de « Convoi de gilets jaunes », a été rebaptisé « United we Roll », pour se dissocier des personnes qui démontraient une rhétorique odieuse contre les musulmans et les immigrants.

Le retour au bercail

Après deux jours de protestations à Ottawa, les camions ont repris la route de la maison en fin d’après-midi mercredi.

« Un grand merci aux gens d’Ottawa », ont déclaré les organisateurs. « Nous avons reçu un soutien formidable et des poignées de main partout où nous sommes allés. Bien sûr, il y aura toujours un pourcentage de désaccord, c’est la raison pour laquelle nous y sommes allés. »
Sophie Jacob, rédactrice en chef