Karine Ouellet, une femme qui nous démontre qu’avec la persévérance, on peut atteindre nos objectifs!

Portraits de femmes, jeudi le 13 juin 2019 | Pour Karine, malgré les difficultés que peuvent représenter les défis qu’elle vise à atteindre dans sa vie, elle ne baisse jamais les bras. Et c’est avec la persévérance comme outil qu’elle a atteint son but de devenir routière professionnelle! Voici le parcours d’une femme camionneuse et gareuse, qui invite les autres femmes à se dépasser, tout en priorisant le respect de soi et de son rythme d’apprentissage.

Karine, au départ, pourquoi avoir choisi le transport, d’où vient le désir de conduire des camions?

C’est grâce à un ami que j’ai connu le métier de camionneur. Mon ami m’avait dit : « Je te verrais camionneuse, tu devrais venir faire un tour de camion avec moi, je vais te montrer le métier ». Je suis partie en camion 2 jours et c’est à ce moment que je suis tombé en amour avec le métier. J’avais adoré voir du paysage et faire de la route, de ressentir cette liberté…

Comment as-tu fait tes premiers pas dans le transport, as-tu suivi une formation?

J’avais entamé les démarches pour suivre mon cours de classe 1 dans un centre professionnel publique, mais à ce moment, le centre faisait passer des examens qui, pour moi, n’avaient aucun sens. Il fallait déjà connaître le métier bien avant de faire l’école, et il fallait faire un test de personnalité, je ne voyais pas le lien.
Après l’échec d’un des examens, je me suis posée la question durant un an à savoir si je voulais vraiment faire ce métier. Une année a passé avant qu’une personne m’informe qu’il existait une école privée où je pouvais suivre mon cours. Alors j’ai fait ma classe 1 chez E.N.C.E.L. à St-Jean-sur-Richelieu. C’était au privé donc j’ai payé le gros prix, dans les 5 chiffres, mais c’est ce que je voulais faire et rien ne pouvait m’arrêter.
J’ai adoré ma formation même si j’étais la seule fille dans ma classe, je me suis toujours bien entendu avec les gars. J’ai eu d’excellents professeurs et chacun avait sa méthode d’enseignement. Une expérience remplie de défis et de beaux moments.

J’imagine qu’après avoir échoué un test de personnalité, ça doit être un peu décourageant. Je parle par expérience, parce que j’ai échoué à deux reprises le test d’aptitudes avant de débuter mon cours et obtenir ma classe 1. Comment ça se passe quand on réussi enfin à trouver une solution, et qu’on peut enfin vivre l’aventure?

À ma première journée de cours, j’avais tellement peur que j’étais figée dans mon char à me demander si j’allais être capable ou si les gars allaient m’intimider… J’avais juste envie de partir! Finalement, avec un coup de pied dans le derrière, j’ai été au cours et toutes mes peurs sont parties quand j’ai vu que tous les autres étaient aussi stressés que moi! J’avais zéro estime de moi avant de faire mon cours de classe 1, et le cours m’a permis de me faire confiance, de me valoriser et de prendre de l’assurance.

Comment ça s’est passé ta formation et ton premier emploi? As-tu rencontré des difficultés?

Quand j’ai obtenu ma classe 1, c’était difficile de trouver un emploi car presque toutes les entreprises demandaient 2 ans d’expérience. Comment pouvais-je avoir cette expérience si on ne me donnait pas la chance d’en acquérir? Alors j’ai trouvé une agence de placement qui était principalement dans le transport et elle m’a permis de travailler dans le métier et de faire mon expérience.
Ma première année, je faisais des switchs de nuit Laval/Kingston. Je faisais principalement que de la 401. Oh qu’on voit beaucoup de choses sur cette route, et ça met à l’épreuve notre endurance à ne pas s’endormir! Comme premier emploi, ça m’a permis de me rendre à l’aise avec le camion, mais je ne pratiquais pas vraiment mes reculons à faire des switchs.

Parle-moi un peu de ton parcours professionnel sur les camions, quel type de transport as-tu touché?

Je suis une femme qui aime les défis, essayer des nouvelles choses, mais j’ai toujours respecté mes capacités. Étant moi-même, je savais que je n’étais pas capable de faire du flatbed et que les portes de conteneurs, c’était difficile pour moi physiquement. Il faut respecter ses limites personnelles. Alors, j’ai fait des switchs, du local et régional, du reefer, du drybox, du LTL et de la ville, et finalement shunter (gareur).

Comment as-tu vécu tes expériences en tant que femmes dans le métier?

Je suis dans le métier depuis 4 ans et j’ai rarement eu du trouble avec les hommes. Étant une personne sympathique, les chauffeurs viennent me jaser sans problème, je suis rarement un air bête. Je sais que le métier peut rendre les gens solitaires et asociaux alors ça fait du bien de discuter, quand on attend chez les clients. Ils me racontaient leurs histoires de route, parfois farfelus, tristes, et ça me fascinait. On voit la passion dans leurs regards. La plupart des chauffeurs m’ont toujours aidé ou donné des trucs pour que je m’en sorte dans le métier, il suffit d’écouter l’expérience parler.
Quand je conduis, j’ai souvent des gens qui me saluent de leurs voitures ou qui me klaxonnent en me faisant des signes d’encouragement et de félicitations. Les gens sont souvent surpris de voir une femme conduire de gros camions. Quand j’arrivais chez les clients, le monde se demandait qui j’étais et quand je disais que j’étais la conductrice du camion, ils avaient de la misère à y croire, ils me félicitaient d’avoir autant de courage.
Un souvenir, quand ça fait un bout que tu es seule dans ton camion, ton social, ce sont les gens à la radio qui parlent et souvent tu écoutes un poste précis où il y a énormément de débat, et tu commences à débattre ton opinion toute seule! Oui, oui… Toute seule dans le camion, mais oh comment ça faisait passer le temps! Maintenant, c’est un peu différent en tant que gareuse (shunter).

Maintenant, tu es gareuse, ce qui est assez différent de la route. Comment tu vis ça?

J’aime vraiment cela car je bourge énormément, je n’ai pas le temps de m’ennuyer et ça me garde en forme. J’aime le fait d’avoir un horaire beaucoup plus fixe et aussi un salaire à l’heure. Je conseillerais à tous de faire au moins une fois du « shuntage », cela permet de devenir habile en reculons et de faire son expérience, d’avoir plus d’assurance dans cette manœuvre où souvent c’est une lacune en sortant de l’école. On manque de pratique dans les reculons, mais à force de reculer, on devient meilleur! Il y a toute sorte de places où on recule dans ce métier et je peux dire… Restez calme et allez-y tranquillement! C’est la clé!
Comme on dit, si tu n’es pas certain, arrêtes-toi, descends du camion et va regarder.

Si tu avais un conseil à donner aux femmes qui aimeraient devenir camionneuse, ou gareuse, mais qui n’osent pas, ça serait quoi?

J’encourage les femmes à faire ce beau métier, car on est capable et nous sommes plusieurs conductrices à le prouver. Il faut être persévérante et vous réussirez! Comme on m’a déjà dit un jour : on a tous appris à marcher avant de courir, et c’est le même principe avec la conduite. Ça s’apprend de conduire un véhicule lourd, et c’est avec de la pratique qu’on devient meilleur. Comme j’aime dire, c’est en forgeant qu’on devient forgeron!
Les femmes, soyez indulgentes avec vous-mêmes. On a tendance à se mettre beaucoup de pression dans le métier.
En résumé, camionneur est un beau métier mais il faut comprendre aussi que dans tout métier, il y a du positif et du négatif. Alors, il faut être informé le plus possible pour ne pas avoir de mauvaise surprise. Mais, le plus le fun, vous pouvez chanter dans le camion et vous pouvez travailler en duo, ou avoir un animal de compagnie (selon le transporteur). C’est un métier où il faut être patient, avoir un certain caractère, sinon on s’en fait un à la longue…
C’est à ma connaissance le seul métier où tu peux voir autant de beaux paysages et rencontrer autant de personnes passionnées, aussi agréables à côtoyer!

Merci Karine pour ton témoignage, et longue vie à ta carrière dans le transport routier!

Portraits de femmes – Ce sont des routières professionnelles, des mécaniciennes, des répartitrices, des femmes de camionneurs, des formatrices qui participent à l’industrie du transport routier et qui la font grandir par leur force de caractère et leur passion sans limites ni frontières. Des grandes dames du camionnage que nous vous présenterons mensuellement.

Portraits de femmes, présenté par Truck Stop Québec
Sophie Jacob, rédactrice en chef