Nouvelles«Non je n’irai pas manifester avec mes collègues camionneurs» - Frédéric Bisson

«Non je n’irai pas manifester avec mes collègues camionneurs» – Frédéric Bisson

Ancien animateur de radio devenu camionneur, Frédéric Bisson tient un blogue sur son nouveau travail qui le conduit aux quatre coins de l’Amérique du Nord. Il vient d’y publier un texte concernant le Convoi pour la liberté.

Le voici :

Au sujet de la manifestation de mes collègues camionneurs…

D’abord, j’appuie toute démarche pacifiste et positive permettant à notre métier de se faire connaitre. Il est grand temps que les consommateurs réalisent que si leur panier d’épicerie contient autant de variété d’aliments, de produits spécialisés, de suppléments vegans, naturels, cétogènes, c’est beaucoup grâce à la chaîne d’approvisionnement nord-américaine – qui dépend à 70% de notre travail.

Cependant, je ne suis pas d’accord avec l’objectif premier de la manifestation prévue dans les prochains jours: celui de la « liberté vaccinale ». 

J’ai la COVID-19

Depuis deux semaines, je n’ai pas pu travailler parce qu’un collègue (malheureusement non vacciné) a contracté la COVID-19 et me l’a transmise. Étant immunosupprimé, j’ai passé les 14 derniers jours à me demander si j’allais pouvoir m’en sortir sans séquelles. Tous mes collègues qui ont côtoyé cette personne ont dû rebrousser chemin et s’isoler à leur domicile.

À mon avis, ce genre de perturbation (causé par des éclosions au sein des entreprises de camionnage) est beaucoup plus inquiétant que tout le reste. J’ai été infecté à la COVID-19 malgré mes 3 doses de vaccin. Il serait facile d’en conclure que le traitement est inutile, j’en conviens. Au mieux, il m’a protégé contre une longue hospitalisation. C’est déjà ça…

Des solutions faciles à ceux qui refusent le vaccin

Comme dans la société, la grande majorité de mes collègues est vaccinée et continue de vaquer à ses occupations sans problèmes. Les camionneurs qui ne souhaitent pas recevoir leurs doses de vaccin peuvent facilement être réaffectés sur des routes canadiennes, entre Vancouver et Halifax. Si le message au cœur de la manifestation avait été de réclamer de meilleures conditions de travail et des assouplissements aux règles (très strictes) qui régissent notre métier, j’aurais probablement participé au rassemblement en compagnie de mes collègues.

Manifester: oui! Pour les bonnes raisons…

Les routiers travaillent fort: nous pouvons légalement travailler 70 heures par semaine. Nous n’avons droit qu’à 3 journées de congé maladies payées par année. Nos congés personnels ou familiaux ne sont pas rémunérés. Les camionneurs longue distance (dont je fais partie) sont souvent partis de 3 à 5 semaines sur la route, sans revenir à la maison. Les salaires sont rarement ajustés à la hausse, malgré l’accroissement des bouchons de circulation et des embuches liées à l’accroissement de la population et à la multiplication des véhicules en circulation. 

Nous ne sommes pas tous antivax ni complotistes

À mon avis, plusieurs collègues vont participer au mouvement avec cette idée en tête: celle de vouloir sensibiliser nos gouvernements et la population à l’importance qu’occupe notre métier de l’ombre. Je crains aussi que la manifestation ne serve de prétexte à plusieurs citoyens n’ayant aucun lien avec le transport routier, à aller exprimer leur aversion aux mesures sanitaires imposées par les gouvernements. 

Je trouve dommage d’attribuer l’image de « antivax » ou « complotiste » aux camionneurs. Je ne m’y reconnais pas et c’est la même chose pour la grande majorité de mes collègues. D’ailleurs, je reprends la route le weekend prochain: direction Salt Lake City et Los Angeles.

On peut découvrir le blogue de Frédéric Bisson au : https://camion.blog

 

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