Les camionneurs et les camionneuses ont toujours été un maillon nécessaire des chaines d’approvisionnement et pour l’économie, mais pour la première fois, la population entière s’éveille face à l’importance de leur travail et les répercussions directes du camionnage dans nos vies.
En ce temps de pandémie, leur contribution est cruciale pour le maintien des activités essentielles, telles que les soins et l’alimentation. Pourtant, même si nous reconnaissons l’importance de leur travail, il devient de plus en plus difficile pour les routiers professionnels d’exercer leur métier en raison des conditions qui se durcissent en ce temps exceptionnel.
Accès à la restauration et aux douches de plus en plus difficile sur la route, de moins en moins d’endroits où il est possible d’arrêter, des clients qui ferment l’accès à leurs toilettes, les camionneurs doivent composer avec encore plus de stress et de difficultés qu’ils en rencontrent déjà, en temps normal, dans le cadre de leur métier.
En plus, bon nombre d’entre eux doivent voyager dans les zones les plus à risque de l’Amérique du Nord pour continuer de nous approvisionner en nourriture et en médicament, tels que les états de la Californie, de Washington et de New York. Ce dernier état qui compte à ce jour près de 30,000 personnes infectées, soit 5% des cas dans le monde.
Sylvie est camionneuse depuis 25 ans et transporte du papier et du plastique recyclé. Malgré les épreuves actuelles, elle nous raconte :
« J’aime mon métier et c’est un choix de vie. Oui, c’est plus stressant de voyager dans des zones à risque, mais on n’a pas le choix, il faut que le transport roule pour que l’économie ne cesse pas et pour continuer à fournir les gens qui en ont besoin! »
Afin d’éviter la contamination, Sylvie doit éviter d’avoir des contacts avec les gens qu’elle aime lorsqu’elle revient à la maison.
« Je n’ai pas peur de contaminer mes proches parce que je vis seule. Mais rien ne m’empêche de parler avec mes enfants et mes proches chaque jour. Nous continuons de faire du bon travail, on peut souhaiter aux camionneurs de continuer à pratiquer le métier de manière sécuritaire et de rester en santé, on a besoin de nous! »
Pour Cristelle Gallant, il est important de rester positif pour passer au travers de cette crise.
« Il faut se contenter de ce qu’on a! On est en période de crise autant les camionneurs que tous les autres quarts de métier. Oui c’est plate de se trainer des petites chaudières dans le camion avec des cruches d’eau. Mais, c’est encore un privilège de pouvoir travailler! Je suis encore capable d’avoir un salaire et de mettre de la bouffe sur la table! »
Cristelle transportait du bois quand les besoins ont ralenti. Elle a donc quitté temporairement ce type de transport pour répondre aux besoins les plus criants de la population et voyage maintenant des bouteilles d’eau et de la résine entre le Québec et l’Ontario. Cet emploi se trouve à deux heures de route de chez elle, elle a donc décidé de déménager, pendant la crise, dans son camion.
« J’aime mieux être dans mon camion que de rester à la maison et angoisser! Je suis équipée dans le camion et je m’organise du mieux que je peux. Je prends le risque de me promener partout, de travailler partout, cependant, il y a un risque que je ne prends pas, et c’est d’aller voir mon père qui n’a aucun anticorps quand je reviens dans la région. Je reste dans mon camion. »
« Les gens que j’aime, mes proches, sont des gens qui sont plus vulnérables au virus. Puisque je prends déjà des risques dans le cadre de mon travail, je vais faire leur épicerie, puis je retourne dans mon camion. »
Dans le cas de Guy Dumas, c’est en quelque sorte le contraire. Il doit vivre dans son camion pendant que sa conjointe pratique un isolement à la maison, alors qu’elle revient d’un voyage à l’étranger. Il cuisine même dans son camion pour en sortir le moins possible.
« Je crois que si tout le monde se servait des outils qui nous sont donnés, on s’en sortirait sans trop de mal… Exemple : en fin de semaine, je faisais mes courses et les commerces nous fournissaient des articles pour un lavage des mains en règle et tout. C’est si simple, et au retour dans l’auto, on se re-désinfecte les mains… Mais, ce n’est pas tout le monde qui voulait le faire! » dénonce-t-il.
Guy conduit des camions depuis 1973, il a parcouru tout le Canada et les États-Unis. Il travaille actuellement au volant d’une citerne et transporte notamment du lait et de la crème.
« Je n’ai jamais rencontré une situation comme celle-ci, on vit une situation potentiellement dangereuse et le danger vient de nous, si nous ne faisons rien pour empêcher la propagation. La méthode est très simple! Se laver les mains, et éviter de sortir, mais est-ce que tout le monde le fait? Non. Souhaitons-nous bonne chance… Merci! »
« Depuis l’âge de 21, j’ai été chauffeur, broker, et répartiteur » raconte de son côté Luc Montreuil, qui transporte du bois, du papier, des meubles, de la nourriture et bien plus, tout en parcourant des zones à haut risque, particulièrement aux États-Unis. Il a décidé de s’isoler dans son camion pendant la pandémie.
« Pour protéger ma famille, mes amis et la population en général. Ce n’est pas une décision facile, mais nécessaire, quand tu sais que si tu as voyagé, tu dois aller en quarantaine. Ça devient évident pour les chauffeurs longue distance. »
La compagnie pour laquelle travaille Luc essaie de faire sa part pour protéger la santé de ses routiers en fournissant des gants et des lingettes désinfectantes, mais ils sont maintenant en rupture de stock. Nous avons demandé à Luc si le climat actuel était inquiétant pour les camionneurs.
« C’est sûr que j’ai des craintes quand on sait qu’il y a au moins 1% de décès dans toutes les tranches d’âge, on n’est pas les plus en forme, faut l’avouer. En plus, il n’y a plus moyen de se procurer des lingettes désinfectantes, ou du désinfectant pour nettoyer le camion! Le côté drôle (sarcastique), les grandes chaînes de truck stop ont dit qu’ils nettoieraient en profondeur les douches… J’en doute, donc je désinfecte ma douche en entrant, je porte des gants en nitrite pour filer et chez les clients. »
Que pouvons-nous souhaiter aux routiers pour les mois à venir?
« Du respect des clients, du public en général, et la marchandise nécessaire pour travailler un minimum en sécurité, ce qui n’est pas une priorité pour bien des compagnies et clients. Triste, mais c’est comme ça. »
Une chose est certaine, nous devons travailler tous ensemble pour éviter la propagation du virus et aplanir la courbe. Les routiers font un travail exceptionnel, et certains vont jusqu’à s’isoler des gens les plus précieux de leur vie pour éviter la contagion, soulignons leur courage et prenons exemple! Tout le monde a un rôle primordial à jouer, ne serait-ce que de rester à la maison! Rester à la maison peut sauver des vies!
Mais, en attendant que la pandémie se termine, de grâce, remercions nos camionneurs et faisons en sorte qu’ils puissent pratiquer le métier dans les meilleures conditions possible. Leur santé et leur sécurité sont importantes! Les camionneurs doivent manger, ils doivent avoir accès aux toilettes et pouvoir se laver les mains! Ce sont des besoins de base.
Vous pouvez aider les routiers professionnels à avoir accès à ces services? Annoncez-le sur notre page! Vous êtes un gestionnaire? Invitez vos camionneurs à dénoncer les clients qui leur refusent un accès aux toilettes, et agissez maintenant pour les obliger à accueillir les routiers comme il se doit, de manières respectueuse et sécuritaire!
Ils sont nos héros, permettons-leur enfin de sortir de l’obscurité, respectons-les et traitons-les à leur juste valeur! MERCI AUX CAMIONNEURS!
Les Cowboys Fringants avec la communauté des camionneurs
Cliquez sur l'image pour écouter le message spécial reçu au studio de Truck Stop Québec qui s'adresse directement à vous, les camionneurs, de la part de Jean-François Pauzé et Les Cowboys Fringants. Continuez votre important travail! Et merci au groupe de soutenir la communauté des camionneurs!#ÇaVaBienAller #CowboysFringants #LamériquePleure #TousEnsemble #TruckStopQuébec #Camionnage
Posted by Truck Stop Quebec on Monday, March 23, 2020