Noël Parent est un véritable monument dans le monde du camionnage au Québec. Avec 55 ans de carrière, il a fait bien plus que simplement parcourir des kilomètres : il a écrit l’histoire sur chaque route empruntée, dans l’asphalte pleine de trous, comme il le dit ! Ses premiers pas se sont faits au volant d’un Inter six roues qui avait moins d’un an, suivi d’un douze roues – plus que de simples camions, de véritables compagnons d’aventures.
En automne 1968, Noël a lancé sa carrière de routier avec Les Huiles Pelchat de Saint-Anselme, une période formatrice où il a appris les ficelles du métier de camionneur. Pendant huit ans, il a relevé d’innombrables défis, conduisant des camions dont le confort était rudimentaire – pensez à un siège dur qui faisait la largeur de la cabine, sans possibilité d’ajustement du dossier ! Ces conditions difficiles étaient le reflet de cette époque.
Avant de s’installer au volant pour cette entreprise, Noël avait également acquis une expérience précieuse en mécanique, qu’il avait apprise sur le tas, et en remorquage, ce qui lui a permis de mieux comprendre les subtilités de ces véhicules.
Après cette période chez Pelchat, Noël a embrassé un nouveau défi : pendant deux ans, il a été conducteur de bus scolaire. Cette expérience, bien différente de celle du camionnage, lui a notamment permis de développer une importante aptitude pour les camionneurs… sa patience !
« Ce n’était pas plus confortable, et c’était plus dur pour les oreilles ! » s’exclame-t-il en riant.
Par la suite, il a rejoint l’équipe du garage Paul Lemelin à Sainte-Claire, puis chez Prestofix de Saint-Henri, où il a passé 22 ans. Noël a parcouru quatre provinces canadiennes, étendant ainsi son horizon de l’Ontario aux Maritimes.
« J’aimais beaucoup aller dans les Maritimes, même si je ne parlais pas anglais. C’étaient de beaux voyages. »
Cette période correspondait à l’ère du CB, durant laquelle il était surnommé “Western”, partageant avec fraternité les routes avec ses collègues camionneurs. Son frère, portant le surnom de “Sunkist”, l’accompagnait dans cette aventure, bien que sans les oranges de Floride évoquées par son pseudonyme !
« C’est parce que son camion était orange… »
Avec le temps, le CB s’est tu, mais Noël a gardé son amour de la route. Il a vu évoluer son métier, des suspensions à air par rapport aux suspensions à ressorts à lames et d’autres technologies. Cependant, la déréglementation du transport n’a pas bouleversé son quotidien, car il livrait surtout pour des entreprises spécifiques.
Chez Réal Brochu, toujours à Saint-Henri, ses 20 dernières années ont été consacrées au transport local de vrac, comme le sable et la pierre.
« On est en arrière beaucoup (en termes de salaire), mais comme le boss a dit : ‘si j’avais le prix que ça vaut, je serais capable de vous payer plus cher’. Quand j’ai commencé, on ne gagnait pas gros, ça a triplé le salaire », nous raconte-t-il, alors qu’il gagnait environ 2$ de l’heure dans ses débuts.
Noël a vu beaucoup de ses collègues partir et de nombreuses entreprises disparaître ou fusionner. Il a même décidé de prendre sa retraite avec l’arrivée des logbooks électroniques, préférant garder ses souvenirs de la route telle qu’il l’a connue.
Son fils a tenté l’aventure du camionnage pendant six ans, avant de devoir renoncer pour des raisons physiques. Noël connaît bien les sacrifices du métier, notamment le temps passé loin de la famille.
« Ce n’est pas facile quand les enfants sont jeunes. »
Il conseille aux futurs camionneurs d’aimer les responsabilités et d’être prêts à gérer les imprévus. Il tient à conclure que c’est un très beau métier qui permet de voir du pays et de vivre de belles expériences.
Après une carrière de 55 ans de métier, soit plus de cinq millions de kilomètres, Noël Parent est une source d’inspiration. Vedette locale, il a fait la une de “La Voix du Sud“, témoignant de l’impact de son parcours. Sa retraite marque la fin d’une époque, mais aussi le début d’une nouvelle aventure, plus tranquille, sur les routes de la vie.
Et pourquoi pas, quelques voyages ici et là, quand les belles occasions se présentent!
Chapeau bas, M. Noël Parent, bonne retraite et bon 77e anniversaire, qui arrive à grand pas!
Écoutez l’entrevue réalisé avec Noël Parent par Benoit Therrien ici!
