Lion Électrique traverse une période tumultueuse marquée par des réductions massives de personnel. L’entreprise, qui ne compte désormais qu’environ 160 employés après une série de mises à pied, se concentre sur le soutien à ses clients pour l’entretien de ses véhicules.
Ces réductions, survenues dans le cadre d’une restructuration sous la Loi sur les arrangements avec les créanciers, reflètent les défis financiers et organisationnels auxquels elle fait face. Avec une production à l’arrêt et des ventes d’actifs récents, les anciens employés ont beaucoup à dire sur les pratiques internes de Lion et les défis ayant mené à cette crise.
Des défauts majeurs dans la conception des camions
D’anciens employés de Lion Électrique soulignent des problèmes majeurs dans la conception et l’assemblage des véhicules. Le modèle Lion8, surnommé “Frankenstein” en raison de son assemblage incohérent, présentait des configurations internes différentes d’un camion à l’autre, révélant un manque de standardisation. Quant au Lion6, il était critiqué pour des éléments attachés avec des attaches en plastique (tie wraps) et une isolation insuffisante, ce qui laissait entrer l’air froid et réduisait l’autonomie des batteries, un enjeu crucial pour les véhicules électriques.
Clients frustrés et commandes révisées
La Société des alcools du Québec (SAQ) a également rencontré des difficultés avec le camion Lion8 acquis en 2019. Après une livraison retardée de plus de trois ans, le véhicule a été retourné à Lion Électrique en 2023 en raison de problèmes d’autonomie et de performance, le rendant “impropre à la conduite” selon des inspecteurs. Malgré des ajustements, le camion n’a pas répondu aux besoins opérationnels de la SAQ, entraînant des retours successifs chez le fabricant pour modifications supplémentaires. Ces incidents s’ajoutent aux préoccupations exprimées par d’autres clients de Lion Électrique concernant la fiabilité de leurs véhicules.
Des clients, tels que le Parc Safari, ont rapporté des pertes significatives en raison de camions tombant fréquemment en panne. Amazon et le Canadien National, après des essais décevants, ont réduit ou annulé leurs commandes. D’autres entreprises comme Hydro-Québec ont également dû effectuer des ajustements techniques pour rendre les véhicules fonctionnels.
Manque de préparation et gestion déficiente
Les témoignages d’anciens employés révèlent des processus de fabrication chaotiques. Les véhicules étaient parfois vendus avant d’être entièrement testés, et les remarques des techniciens étaient souvent ignorées. Une production précipitée, dictée par des objectifs financiers, aurait empêché l’entreprise de respecter les standards de qualité du marché.
Un avenir incertain
Malgré ces revers, Lion Électrique revendique son rôle de pionnier dans les véhicules électriques au Canada. Avec des centaines de camions et autobus encore en circulation, la compagnie tente de rassurer ses clients tout en cherchant à surmonter les défis liés à la production et à la gestion. Ses prochaines étapes seront cruciales pour assurer sa survie et regagner la confiance du marché.
