- mar. 14 août 2007 20:53
#98087
Pendant que ma mère se mourait, sa robe rouge était pendue là dans le placard comme une entaille parmi les vêtements dans les quels elle s'était tuée à la tâche. On m'avait demandé de venir. Et j'ai su en la voyant qu'elle n'en avait plus pour longtemps.
Quand j'ai aperçu la robe, j'ai dit: Comme elle est belle, maman!] Je ne l'ai jamais vue sur toi!
Je ne l'ai jamais portée, répondit-elle lentement. Vient t'asseoir, Millie. Si je peux avant de partir, je voudrais rectifier certaines choses que je t'ai apprises.
Je me suis assise près du lit. Elle a poussé un profond soupir, un long souffle dont je ne l'aurais pas crue capable.
Oh, je t'ai appris des bonnes choses, mais aussi des moins bonnes.
Qu'est-ce que tu veux dire maman? Bien... j'ai toujours pensé qu'une bonne femme ne pense jamais à elle. Qu'elle est là juste pour servir les autres. Courir à gauche et à droite, satisfaire les désirs de tous en prenant soin de mettre les siens au bas de la pile. On se dit qu'un jour on arrivera jusqu'à eux mais on n'y arrive jamais, évidemment. Voilà qu'a été ma vie: m'occuper de ton père, m'occuper des garçons, de tes soeurs, de toi.
Tu as fait tout ce qu'une mère pouvait faire.
Oh, Millie, Millie, ça n'avait rien de bon ni pour vous, ni pour lui. Tu ne comprends pas? Je vous ai fait le plus grand tord en ne réclamant jamais rien pour moi! Ton père, dans la pièce à côté, se ronge les sangs en contemplant les murs. Quand le docteur lui a parlé, il l'a mal pris. Il est venu près de mon lit et c'est tout juste s'il ne m'a pas secouée pour me ressusciter.
Tu ne peux pas mourir, m'entends-tu! Qu'est-ce que je vais devenir? Qu'est-ce que je vais devenir?
Vous pouviez me demaner n'importe quoi, n'importe quand. J'étais la première levée et la dernière couchée, sept jours par semaine. Je gardais toujours pour moi la rôtie qui avait brûlé, la plus petite pointe de tarte. Et maintenant je vois comment certains de tes frères traitent leur femme, et ça me rend malade, parce que c'est moi qui leur ais enseigné.
Et ils ont bien appris la leçon. Ils ont appris qu'une femme est là pour donner. Évidemment, tout l'argent que je p ouvais économiser servait à vous acheter des vêtements, des livres, même quand ce n'était pas nécessaire. Je me rappelle pas être allée dans une boutique pour m'acheter quelque chose de beau, rien que pour moi.
Sauf l'année dernière quand j'ai acheté la robe rouge. Il me restait vingt dollars en surplus. j'allais faire un versement supplémentaire pour payer la machine à laver mais, sans trop savoir comment, je suis revenue avec la grand boîte. Ton père m'a drôlement attrapée ce jour-là.
Ou est-ce que tu vas porter une robe pareille... À l'opéra peut-être?
Et il avait sans doute raison. La seule fois que j'ai enfilé cette robe, c'est à la boutique.
Oh, Millie! J'ai toujours cru que tourt ec qu'on ne prenait pas en ce monde nous serait donnée dans l'autre. Bien je n'y crois plus. Je pense que e bon Dieu veut qu'on ait quelque chose ici, maintenant.
Crois-moi, Millie, si par miracle je pouvais quitter ce lit, tu aurais sous les yeux une autre mère parce que je serais différente. Oh, je me suis si longtemps oubliée que j'aurais peine à prendre ma place mais j'apprendrais, Millie. J'apprendrais.
Pendant que ma mère se mourait, sa robe rouge était pendue là, dans le placard, comme une entaill3e parmi les vêtements sombre et élimés dans lesquels elle s'était tuée à la tâche.
Ses derniers mots furent les suivants: Fais-moi l'honneur, Millie, de ne pas suivre mes traces. Promet-le moi.
J'ai promi. Puis maman a retenu son souffle, et elle est allée prendre sa place... Dans la mort.
C'est une question d'attitude...
...et d'amour.
Chaz
Quand j'ai aperçu la robe, j'ai dit: Comme elle est belle, maman!] Je ne l'ai jamais vue sur toi!
Je ne l'ai jamais portée, répondit-elle lentement. Vient t'asseoir, Millie. Si je peux avant de partir, je voudrais rectifier certaines choses que je t'ai apprises.
Je me suis assise près du lit. Elle a poussé un profond soupir, un long souffle dont je ne l'aurais pas crue capable.
Oh, je t'ai appris des bonnes choses, mais aussi des moins bonnes.
Qu'est-ce que tu veux dire maman? Bien... j'ai toujours pensé qu'une bonne femme ne pense jamais à elle. Qu'elle est là juste pour servir les autres. Courir à gauche et à droite, satisfaire les désirs de tous en prenant soin de mettre les siens au bas de la pile. On se dit qu'un jour on arrivera jusqu'à eux mais on n'y arrive jamais, évidemment. Voilà qu'a été ma vie: m'occuper de ton père, m'occuper des garçons, de tes soeurs, de toi.
Tu as fait tout ce qu'une mère pouvait faire.
Oh, Millie, Millie, ça n'avait rien de bon ni pour vous, ni pour lui. Tu ne comprends pas? Je vous ai fait le plus grand tord en ne réclamant jamais rien pour moi! Ton père, dans la pièce à côté, se ronge les sangs en contemplant les murs. Quand le docteur lui a parlé, il l'a mal pris. Il est venu près de mon lit et c'est tout juste s'il ne m'a pas secouée pour me ressusciter.
Tu ne peux pas mourir, m'entends-tu! Qu'est-ce que je vais devenir? Qu'est-ce que je vais devenir?
Vous pouviez me demaner n'importe quoi, n'importe quand. J'étais la première levée et la dernière couchée, sept jours par semaine. Je gardais toujours pour moi la rôtie qui avait brûlé, la plus petite pointe de tarte. Et maintenant je vois comment certains de tes frères traitent leur femme, et ça me rend malade, parce que c'est moi qui leur ais enseigné.
Et ils ont bien appris la leçon. Ils ont appris qu'une femme est là pour donner. Évidemment, tout l'argent que je p ouvais économiser servait à vous acheter des vêtements, des livres, même quand ce n'était pas nécessaire. Je me rappelle pas être allée dans une boutique pour m'acheter quelque chose de beau, rien que pour moi.
Sauf l'année dernière quand j'ai acheté la robe rouge. Il me restait vingt dollars en surplus. j'allais faire un versement supplémentaire pour payer la machine à laver mais, sans trop savoir comment, je suis revenue avec la grand boîte. Ton père m'a drôlement attrapée ce jour-là.
Ou est-ce que tu vas porter une robe pareille... À l'opéra peut-être?
Et il avait sans doute raison. La seule fois que j'ai enfilé cette robe, c'est à la boutique.
Oh, Millie! J'ai toujours cru que tourt ec qu'on ne prenait pas en ce monde nous serait donnée dans l'autre. Bien je n'y crois plus. Je pense que e bon Dieu veut qu'on ait quelque chose ici, maintenant.
Crois-moi, Millie, si par miracle je pouvais quitter ce lit, tu aurais sous les yeux une autre mère parce que je serais différente. Oh, je me suis si longtemps oubliée que j'aurais peine à prendre ma place mais j'apprendrais, Millie. J'apprendrais.
Pendant que ma mère se mourait, sa robe rouge était pendue là, dans le placard, comme une entaill3e parmi les vêtements sombre et élimés dans lesquels elle s'était tuée à la tâche.
Ses derniers mots furent les suivants: Fais-moi l'honneur, Millie, de ne pas suivre mes traces. Promet-le moi.
J'ai promi. Puis maman a retenu son souffle, et elle est allée prendre sa place... Dans la mort.
C'est une question d'attitude...
...et d'amour.
Chaz