Nous parlons continuellement d’une pénurie de main d’œuvre dans le camionnage, et nous constatons même que cette dite pénurie s’étend dans de nombreux autre domaine au Québec et au Canada. Nous savons cela, mais est-ce que cette pénurie conduit les entreprises à sous-estimer les routiers?

Les routiers comprennent la position qu’ils occupent dans la situation présente, et les plus expérimentés savent qu’ils ont « le gros bout du bâton ». Mais, ils ont aussi l’impression que pour certaines entreprises, le besoin est si criant que le côté humain est oublié, et qu’on regarde les routiers en termes d’addition mathématique, et de moins en moins comme une personne. L’entreprise a besoin d’un chauffeur, de 10 chauffeurs, mais a-t-elle besoin d’un bon routier passionné et dédié à son travail? Quel genre de routier recherche-t-elle pour ajouter à son entreprise, quelle image véhicule-t-elle pour attirer le bon chauffeur?

Les routiers ne sont pas simplement à la recherche d’un travail, mais bien d’une carrière auprès d’une entreprise qui les respecte et qui les fait grandir. Également, la nouvelle génération de camionneurs a des besoins qui ne ressemblent pas forcément aux générations précédentes, c’est pourquoi il est capital pour les entreprises de se tenir à jour des besoins des routiers et d’ajuster les offres d’emplois et les postes qu’ils ont à présenter.

Auparavant, les routiers passaient des jours, des semaines et des mois sur la route, et les routiers locaux partaient à l’aube pour rentrer seulement lorsqu’il faisait noir. Ce type d’emploi est de moins en moins recherché, et les entreprises gagnent de plus en plus à s’adapter aux routiers modernes. Mais qui sont-ils?

Selon nos auditeurs, et les sondages qui ont été fait auprès des camionneurs, voici le top 10 des caractéristiques d’emploi les plus recherchées dans l’industrie du camionnage :

  1. Un bon salaire: Une rémunération simple à comprendre et qui correspond aux responsabilités qui sont liées à l’emploi. Une paye déposée régulièrement, sans complications.
  2. Le respect: Les routiers veulent se sentir reconnus et valorisés pour l’important travail qu’ils font au sein d’une société. Un routier valorisé s’implique dans l’entreprise, mais un routier qui n’est pas traité comme un atout important pour la compagnie ne ressentira aucune envie de s’investir. Les valeurs de l’entreprise doivent correspondre à ses valeurs personnelles.
  3. La qualité et l’entretien de l’équipement: Les routiers veulent travailler avec de l’équipement bien entretenu et surtout, un équipement sécuritaire. Les routiers ne veulent pas rouler avec des problèmes mécaniques et ne veulent pas avoir de problèmes sur les balances. Une perte de temps est inutile, et réduit le temps de qualité passé à la maison.
  4. Le soutien et l’encadrement: Les routiers, particulièrement au cours des premières semaines dans une nouvelle équipe, ont besoin d’être encadrés et soutenus. Avoir l’opportunité d’exposer les problèmes qu’ils rencontrent, poser les questions qu’ils ont en tête, peut éviter des malentendus, de l’incompréhension et d’éventuelles frustrations.
  5. Les avantages sociaux : L’entreprise offre-t-elle un bon plan d’assurance collective? Y a-t-il des plans familiaux? Sont-ils abordables? Offre-t-elle des REER, des fonds de pension, se soucie-t-elle de l’avenir de ses employés?
  6. Travail stable et à l’année: les routiers recherchent une sécurité d’emploi.
  7. Le nombre de jours alloué à la maison: Le travail est important, mais pour les routiers, particulièrement les nouvelles générations, il ne constitue pas la priorité au sein d’un foyer. Le temps de qualité à la maison est primordial, dans une société où la vie va beaucoup trop vite. Les gens ont besoin de se retrouver et de passer du temps en famille. De plus, les deux partenaires d’un couple sont habituellement sur le marché du travail, de plus en plus rares sont les travailleurs qui doivent à eux seuls subvenir aux besoins de leur famille.
  8. Entreprise familiale (près de ses employés), ouverte à la communication: Les routiers veulent être capable de parler avec l’équipe lorsqu’ils sont confrontés à un problème, ou du moins, voir et connaître les gens avec qui ils interagissent lorsqu’ils sont sur la route, et parfois, à plus de 4000 kilomètres du terminal. C’est sécurisant d’avoir et d’entretenir un lien de confiance entre collègues de travail, et de le faire dans une ambiance agréable.
  9. Le type d’emploi, les destinations et les routes empruntées: Est-ce un travail qui exige de passer beaucoup de temps assis, ou de déployer une force physique particulière? Quel équipement sera utilisé aux fins de l’emploi? Où doivent-ils livrer, combien de kilomètres doivent-ils parcourir par voyage? Est-ce rentable, selon le kilométrage et le type d’emploi, d’être payé par mile ou par heure? Visitent-ils des endroits plus difficiles, plus dangereux? Les routes sont-elles bien dégagées en hiver? Doivent-ils poser des chaines? Les terminaux sont-ils sécurisés et les entreprises sont-elles accréditées C-TPAT? Voilà des questions que se posent les routiers.
  10. Honnêteté: les routiers veulent des directives franches, des explications et des réponses réalistes à leurs questions. Il est beaucoup plus facile d’attendre, de faire un détour, etc. quand la raison est claire et qu’il n’y a pas de sous-entendus.

Ces caractéristiques ne sont pas forcément classées dans un ordre d’importance, celui-ci variant d’un routier à l’autre. Les routiers ont besoin de savoir ce que l’entreprise peut offrir comme emploi pour optimiser leur qualité de vie et la qualité de leur travail. Si les entreprises ne mettent pas de l’avant ces importants atouts, les chances sont telles que les routiers passeront à l’offre suivante, ou chercheront un nouvel emploi plus aligné avec qui ils sont, en tant qu’humain.

Vous êtes routiers et vous avez d’autres points importants à soulever? Communiquez-les avec nous!

À venir : Que recherchent les employeurs lorsqu’ils embauchent un routier?

Sophie Jacob, rédactrice en chef