C’est en 2014 qu’un règlement a été adopté en Californie, exigeant que tous les employeurs prévoient une pause-repas de 30 minutes pour leurs employés travaillant plus de 5 heures par jour, et 30 minutes supplémentaires pour ceux qui font plus de 10 heures. La réglementation prévoyait également une pause rémunérée de 15 minutes par 4 heures travaillées.

L’American Trucking Association (ATA) avait immédiatement demandé au Congrès d’intervenir parce que la réglementation ne respectait pas la règle fédérale et créait des conflits auprès des camionneurs et des transporteurs, autant des grandes flottes que des petites, par rapport aux horaires des conducteurs. Des employeurs ont été amené devant la justice parce qu’ils ne respectaient pas la réglementation au niveau des pauses ou de leurs rémunérations. L’ATA n’avait pas réussi à rétablir l’autorité du gouvernement fédéral.

L’ATA a tenté sans relâche de mettre en lumière les conflits générés par ces règles Californiennes qui, selon eux, faisaient obstacle à la sécurité, créaient un fardeau déraisonnable pour le commerce entre les états en plus d’être incompatibles avec les lois fédérales. Cette fois, la Western States Trucking Association s’est alliée à l’ATA pour renverser la décision, avec l’aide de plusieurs représentants de l’industrie dont la Specialized Carriers and Rigging Association, appuyée par de nombreuses pétitions.

« Faire des règles uniformes est la clé pour assurer la sécurité des conducteurs routiers et accroitre la productivité, tout en assurant l’intérêt des consommateurs américains. L’industrie a besoin de ce type de fiabilité » a déclaré le 21 décembre dernier Ray Martinez, administrateur de la Federal Motor Carrier Safety Administration (FMCSA). Les transporteurs ne sont donc plus tenus de se conformer à cette réglementation de la Californie et doivent continuer à se soumettre à la loi fédérale. Les transports à l’intérieur de l’état de la Californie qui ne sont pas soumis aux règles des heures de conduite et de repos ne sont pas visés par cette décision. Selon l’ATA, cette décision représente une victoire pour les gens du camionnage.
« Ce n’est pas un moyen efficace ou juste de réglementer l’industrie » a poursuivi Martinez. « Je pense que nous prenons la bonne décision aujourd’hui. »

Cette longue bataille aura permis aux gens de l’industrie, ces 4 dernières années, de faire entendre leurs voix, exprimer leurs désaccords et les difficultés liées aux réglementations du camionnage aux États-Unis devant les grandes administrations. Les responsables de la FMCSA ont d’ailleurs démontré de l’intérêt pour entendre les préoccupations des camionneurs concernant la réalité de leur métier.

Ce sont 5 séances qui ont eu lieu à travers le pays et elles ont permis de recueillir plus de 5,200 commentaires, ayant pour objectif d’améliorer la sécurité des camionneurs, et par le fait même, du réseau routier. Pendant ces séances, des transporteurs et des conducteurs professionnels ont pu partager leurs expériences pour appuyer des modifications potentielles sur certaines règles des heures de conduite et de repos, entres autres, pour les courtes distances, les exceptions, la pause de 30 minutes et le « split sleeper-berth rule » (qui permet aux routiers de diviser leur temps de couchette). Martinez souhaite qu’une décision soit prise en début d’année.

« Nous avons reçu les commentaires des gens qui travaillent vraiment sur le terrain » a-t-il expliqué. « Je suis vraiment positif parce que les témoignages que nous avons entendus étaient excellents. En 2019, je veux investir de l’énergie à travailler avec tous les gens de l’industrie, car la meilleure façon de faire avancer les choses, autant au niveau de la sécurité que de l’efficacité des transports, est de communiquer et de travailler ensemble. »

Toutefois, la FMCSA admet que la réglementation de la Californie posait un problème de sécurité pour les routiers qui devaient s’arrêter plus fréquemment, en raison du nombre de places de stationnement inadéquat dans l’état.

D’ailleurs, suite aux résultats des votes le 20 décembre dernier, le conseil municipal de Jurupa Valley en Californie a autorisé la construction d’un nouveau centre de services Pilot Flying J. Des citoyens s’opposaient au projet en raison des risques d’accidents accrus et de la pollution causée par les camions. Un citoyen aurait même apporté des enregistrements d’appels d’urgence qui ont été fait à partir d’autres relais routiers, pour tenter de prouver que la construction d’un tel établissement allait augmenter les crimes.

Malgré les inquiétudes manifestées par les citoyens, les votes ont penché en faveur des camionneurs. Espérons que cette nouvelle tendance se maintienne, parce que ces relais sont nécessaires, particulièrement dans les régions où opèrent de nombreux grands centres de distribution. Il est impératif de poursuivre nos efforts de sensibilisation auprès du public, démystifier le transport routier et prévoir plus de relais pour la sécurité des camionneurs.

 

Sophie Jacob, rédactrice en chef