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Mythes et réalités du recrutement international au Québec

Lundi le 30 septembre 2019 | Le recrutement international a fait verser beaucoup d’encre ces derniers mois, autant dans le Canada anglais qu’au Québec. 

« Les entreprises essaient d’amener de la main d’œuvre bon marché au Canada. C’est une attaque contre les travailleurs canadiens et la classe moyenne » avait déclaré en janvier M. François Laporte, président de Teamsters Canada, suite à la demande de l’Association du Camionnage de l’Ontario de pouvoir lancer un programme de recrutement à l’étranger.

Pourtant, les transporteurs québécois qui octroient des contrats de travail aux camionneurs étrangers sont dans l’obligation de respecter plusieurs critères, dont bien entendu, celui de l’équité salariale. Voici les mythes les plus populaires, et ce que nos intervenants ont à y répondre!

Des travailleurs étrangers pour remplacer les travailleurs québécois?

Une question qui soulève beaucoup d’inquiétudes chez les camionneurs et les travailleurs québécois.

« Le recrutement international est hautement réglementé. L’entreprise doit d’abord monter un dossier qui démontre qu’elle est en position de pénurie, qu’elle a des postes vacants et qu’elle a tenté par différents moyens de recrutement reconnus de combler ses postes. Des affichages, entre autres, sur des sites gouvernementaux comme Emploi-Québec, et que malgré les affichages, les postes n’ont pas été comblés », précise Bernard Boulé, directeur-général de Camo-Route.

« Il faut savoir que tous les efforts sont mis en place pour embaucher des Québécois avant de se retourner vers le recrutement outremer », explique Alexandra Lemarié, qui recrute et soutien les travailleurs étrangers chez Trans-West. « Nous offrons un soutien financier pour les conjoint(e)s qui souhaitent prendre leur cours afin de rejoindre leurs conjoint(e)s déjà chez nous, et nous mettons aussi de la pub sur internet, dans les revues, dans les écoles, les foires à l’emploi et les expo camions. »

Alexandra Lemarié a elle-même fait les démarches depuis la France pour venir conduire des camions en Amérique du Nord. Après avoir roulé sa bosse, elle partage maintenant l’expérience qu’elle a acquis au travers cette aventure, ce choix de vie, auprès des autres routiers européens qui veulent atteindre leur objectif de vivre le rêve américain.

Des routiers déterminés, mais aussi confrontés à la critique des Québécois convaincus que le recrutement international permet de sous-payer les camionneurs étrangers, et menace l’avenir de nos propres travailleurs.

Les entreprises recrutent-elles des candidats à l’étranger pour les payer moins cher?

« Tout le monde est payé exactement pareil, il n’y a pas de différence », déclare Alexandra Lemarié.

« Le recrutement à l’international, ça peut coûter de 10 à 15,000$ par candidat que nous voulons faire venir, donc pour l’entreprise, si son objectif premier, c’est de réduire ses coûts… Elle part déjà avec deux prises! » s’exclame Bernard Boulé sur nos ondes.

« L’entreprise qui recrute à l’international doit monter un dossier pour démontrer, au niveau des conditions de travail, la rémunération qui sera versée. Tout cela doit être connu pour qu’un permis de travail temporaire soit émis à un travailleur étranger », poursuit Bernard Boulé. « Ça fait en sorte que lorsque la personne arrive ici, et qu’elle a été recrutée à l’étranger, tous ces paramètres sont connus auprès des ministères concernés et ont été validés. Les employeurs ne peuvent pas verser un salaire qui ne respecte pas l’équité salariale, qui n’est pas prévue dans la convention collective… »

Pourquoi recruter à l’étranger?

La raison première demeure le manque de main-d’œuvre au Québec, et la difficulté d’intéresser les plus jeunes au transport routier. Mais, pour Raymond Bureau, recruteur formateur chez SGT, c’est beaucoup plus que cela…

« Les candidats sont généralement très motivés grâce à leur capacité d’oser et de faire face à une problématique dans son ensemble. S’expatrier est synonyme de courage, de pouvoir sortir de sa zone de confort pour tenter une nouvelle aventure à l’autre bout du monde, loin de ses proches et de tout ce qui lui est familier » répond Raymond Bureau. « Travailler à l’étranger est aussi un choix motivé par la recherche de meilleures perspectives de carrière, un salaire plus attrayant, ainsi qu’un meilleur niveau de vie. Toutes ces raisons font qu’un candidat de l’extérieur peut être idéal en raison de son courage et de sa détermination à surmonter les obstacles pour s’assurer du bon déroulement de son projet en donnant le meilleur de lui-même. »

« Il ne faut pas oublier que certains pays ont un taux de chômage assez élevé. Donc, des CV il y en a, mais à quel prix? Ce que nous recrutons n’est pas seulement de la main-d’œuvre de base, mais des employés hautement qualifiés et qui font ce métier depuis plus de cinq ans » ajoute Raymond Bureau. « Ainsi, nous comblons les besoins de l’un et de l’autre. Nous voulons des camionneurs et ils veulent vivre l’aventure du camionnage en Amérique. »

« Il ne faut pas oublier les immigrants que nous avons déjà ici au Québec et qui ne demandent pas mieux que de travailler, de rejoindre le marché du travail. On voit une plus grande ouverture du côté des entreprises et du côté des écoles en transport par camion, cela doit se poursuivre », d’ajouter Bernard Boulé.

Les immigrants, des routiers moins bien formés?

Au Québec, des formations efficaces sont disponibles pour aider tous les routiers à devenir professionnels et sécuritaires. Les travailleurs étrangers doivent, de leur côté, repasser les examens théoriques et pratiques pour obtenir la classe 1 au Québec. Si un routier, québécois ou étranger, obtient sa classe 1 et/ou son diplôme en transport par camion, et qu’il obtient un emploi en entreprise, il doit forcément répondre à des critères d’aptitudes et de compétences!

Toutefois, il est possible d’obtenir un permis de classe 1 beaucoup plus facilement dans les autres provinces, où la formation obligatoire couvre à peine les bases de la conduite, et à peu près pas la réglementation.

« Nous ne sommes pas dans la même détresse que les autres provinces qui, elles, n’ont aucun cadre offrant cette formation de 615 heures. Elles ont toutes sortes d’écoles privées donnant toutes sortes de formations, dont certaines sont parfois discutables, » avait déclaré le PDG de l’Association du Camionnage du Québec, Marc Cadieux.

Est-ce que toutes les entreprises s’assurent d’embaucher du personnel qualifié, respectent-elles la réglementation?

Nous savons que dans les autres provinces, des lacunes au niveau de la sécurité et de la conformité ont été mises en évidence à la suite de l’accident qui est survenu en 2018, impliquant Jaskirat Sidhu et l’autobus des Broncos de Humboldt en Saskatchewan, de sorte que les entreprises qui débutent des opérations dans le transport doivent maintenant faire l’objet de vérifications ponctuelles dans le cadre des changements proposés par le ministère du Transport de l’Alberta. Est-ce suffisant? C’est un autre débat…

Pouvons-nous être confiants pour l’avenir du recrutement des routiers québécois et étrangers chez nous?

« Si nous n’étions pas confiants, nous ne serions pas là » s’exclame Raymond Bureau. « Dans les faits, ce n’est pas juste un manque de main d’œuvre, mais une prise de conscience de l’industrie du transport. La question, pourquoi ne réussissons-nous pas à intéresser les gens au transport, pourquoi le taux de roulement à l’intérieur des entreprises est-il si élevé? Le transport permet sans aucun diplôme d’aller chercher plus de 800$ de revenu net par semaine. Il y a à peine 10 ans, le salaire pouvait attirer des gens dans l’industrie, mais aujourd’hui, nous ne sommes plus les seuls à offrir ce salaire. Y mettons-nous l’effort et le prix? »

Vous êtes une entreprise et vous voulez recruter à l’étranger? Consultez le guide interactif, intelligent et complet de Camo-Route sur le recrutement international!

Remerciements spéciaux à Alexandra Lemarié, Raymond Bureau et Bernard Boulé, directeur-général de Camo-Route. Vous pouvez entendre l’intégralité de ses propos ici.

Sophie
Sophie
Sophie Jacob possède une solide expérience et des qualifications notables dans le domaine de l'édition. En tant que rédactrice en chef chez Truck Stop Québec, elle supervise attentivement le contenu éditorial des articles, des actualités et du programme radio. Elle joue également un rôle actif dans la recherche d'informations et la création de contenus pour les réseaux sociaux, ainsi que dans la réalisation de segments radio de qualité.

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