Depuis plusieurs semaines, la population québécoise suit les points de presse du premier ministre François Legault et de ses acolytes, la ministre de la Santé Danielle McCann et le directeur national de la santé publique Horacio Arruda. Ce dernier nous en a appris beaucoup sur les études épidémiologiques et leur importance en temps de pandémie. Et si, dans le transport, nous avions déjà un outil qui permet de faire une enquête épidémiologique efficace auprès des camionneurs?

En sachant où sont passés les routiers et à quel moment, et avec qui ils sont entrés en contact, une prévention accrue peut se mettre en place dans les milieux de travail de l’industrie du transport et ralentir la propagation de la Covid-19 au sein du camionnage. En retraçant le parcours des camionneurs à l’aide du log électronique, il serait possible de communiquer rapidement avec les collègues, les clients, et toute autre personne concernée afin de les aviser que le chauffeur, par exemple, a contracté le virus.

Il peut être difficile pour les agents de la santé publique de retracer tous les gens avec qui un camionneur peut entrer en contact dans le cadre de son travail. Il est déjà difficile de connaître et indiquer depuis quand une personne présentant des symptômes est contagieuse! Avec l’aide du log électronique, il devient plus facile de retracer les gens qui auraient pu être à risque de contracter le virus dans une période de temps déterminée, ce qui représente la clé du ralentissement de la propagation selon Ward Warkentin, PDG de Fleetmetrica.

L’entreprise ontarienne, qui offre notamment des produits et services de gestion en sécurité aux flottes, a même porté sa réflexion plus loin en développant une application « Virus Tracker » pour les camionneurs. L’application identifie les points d’arrêts des chauffeurs, la période et leur proximité.

« Je pense qu’il est important que les propriétaires de flottes envisagent toutes les solutions pour les aider à renforcer leurs pratiques de gestion de la continuité des activités, et cela inclut tous les outils disponibles pour identifier et prévenir les risques de virus affectant l’entreprise », explique Warkentin. « Notre solution met l’accent sur le suivi précoce des contacts, ce qui permet à l’entreprise d’avertir les conducteurs qui peuvent être à risque lorsqu’un conducteur de la flotte devient symptomatique. Cela donne aux conducteurs un avertissement avant que le conducteur symptomatique ne soit testé, ce qui réduit le temps pour le virus pour se propager à d’autres conducteurs ou clients. »

Le « Virus Tracker » de Fleetmetrica amasse les données GPS pour déterminer l’historique des déplacements et croise les informations avec une autre application pour trouver les contacts possibles entre camionneurs atteints par la Covid-19 ou présentant des symptômes similaires.

Les routiers peuvent également, en toute confidentialité, suivre l’évolution de leur condition et de leurs symptômes en les notant dans l’application, permettant du même coup à d’autres camionneurs de pouvoir comparer leurs symptômes. Fleetmetrica rappelle toutefois que l’application n’est pas un outil de diagnostic, mais de prévention.

La différence avec les applications de traçage de Apple/Google?

« Leur approche (Apple/Google) consiste à envoyer des messages aux conducteurs, ou à quiconque, qui ont pu entrer en contact avec une personne infectée et le niveau d’avertissement est défini par l’organisme de santé de cette région ou de ce pays, mais l’avertissement ne survient généralement qu’après que quelqu’un a été testé positif », explique-t-il. Leur application fonctionne en s’inscrivant volontairement, le système gardant une trace des interactions de la personne avec d’autres téléphones à proximité via Bluetooth au cours des deux semaines précédentes et envoie un avertissement.
« En comparaison, notre solution VirusTracker ne collecte pas de données à partir du téléphone d’un conducteur. Les données GPS sont déjà collectées par le dispositif ELD du conducteur et collectées pour tous les conducteurs. Plus précisément, ce sont les données ping qui sont collectées pour identifier les chevauchements dans l’emplacement points d’arrêt et périodes pour déterminer où et quand les conducteurs se trouvaient à proximité les uns des autres », conclut-il.