NouvellesAugmentation des primes d’assurance dans le camionnage : comment l’expliquer?

Augmentation des primes d’assurance dans le camionnage : comment l’expliquer?

Nous avons pu observer l’année dernière une augmentation importante au niveau du coût des primes d’assurance pour les transporteurs et c’est en discutant avec M. Pierre Gagnon, courtier en assurance de dommages chez Burrowes Assurances, que les raisons ont pu être démystifiées.

« Ce que nous ressentons présentement est la conséquence d’une situation qui s’est mise en place en 2016 et qui nous est tombé sur la tête à la fin de l’année 2017 » a-t-il expliqué sur les ondes de Truck Stop Québec le 9 janvier dernier.

En effet, il y a quelques années, les plus grands transporteurs du Québec qui opéraient aux États-Unis étaient majoritairement assurés auprès d’un même et important assureur du nom de Zurich Canada. Ce solide fournisseur d’assurance se démarquait particulièrement auprès des compagnies établies en transport transfrontalier, devant 4 ou 5 autres compagnies qui offraient aussi des services aux flottes québécoises.

Zurich était l’assureur de choix, entre autres, pour le prix de ses primes qui était extrêmement compétitif, voire irréaliste : 90% du kilométrage aux États-Unis à 3,400$ par camion annuellement et même, selon Pierre, en deçà de ce montant.

En 2016, les dirigeants de Zurich se sont aperçus par différents moyens que le camionnage n’était pas aussi rentable que prévu et les deux ou trois dernières années leurs avaient fait perdre de l’argent. C’est la réalité qui les rattrapait et c’est à ce moment que Zurich aurait pris la décision de se retirer de l’industrie du transport routier, qui ne comptait que pour une petite partie de leurs affaires.

Ces primes se sont alors déplacées chez la compagnie Economical, un autre très bon assureur pour les transporteurs qui roulaient aux États-Unis. Ils ont légèrement ajusté à la hausse le coût des primes, mais l’augmentation n’a pas suffi et l’assureur en est venu à la même conclusion que Zurich. C’est le 1er novembre 2017 qu’ils ont suivi le pas en se retirant du camionnage.

« C’est à ce moment que l’explosion des primes a eu lieu, alors que l’industrie a perdu ses deux assureurs majeurs pour les transporteurs transfrontaliers » a poursuivi Pierre. « Le prix des primes se maintient du côté du transport qui s’effectue à l’intérieur du Québec, mais du moment où on sort de la province pour aller aux États-Unis ou en Ontario, on assiste à une hausse importante des coûts! »

Les assureurs se sont aperçus qu’il y avait un problème avec le prix des primes, et à trois joueurs, ils ont décidé de ne pas se faire compétition pour ajuster le coût. Cette augmentation importante ne s’explique pas tout à fait par le montant des réclamations, le nombre d’accidents ou la valeur des cargaisons, mais surtout par les réclamations pour les dommages corporels aux États-Unis :

« Au Québec, nous ne payons que pour des dommages matériels, mais ce n’est pas le cas aux États-Unis, ou nous devons aussi payer pour les dommages corporels. Un accident impliquant la responsabilité civile de l’autre côté de la frontière coûte extrêmement cher pour les assureurs. Ils doivent avoir des souscripteurs, experts en sinistre, évaluateurs… tous spécialisés en camionnage. Ils doivent avoir des experts et faire affaire avec une firme d’avocats spécialisés en dommages corporels pour être en mesure de se défendre. Ce sont de nombreux coûts pour les assureurs, en plus des frais engendrés en dollar américain. »

On remarque aussi, évidemment, une recrudescence du vol des équipements.

« Je crois que nous sommes en parti responsable de cela » a ajouté Pierre. « Je vise par là nos systèmes de justice, policiers et carcéraux qui sont saturés. Les criminels ne sont pas punis, ils ne reçoivent qu’une tape sur les doigts. Un vol, ce n’est pas aussi important qu’un crime contre la personne pour le système, alors il met son énergie là où il peut. Pour lui, c’est juste de la marchandise mais ce sont nous qui payons pour cela, parce que ce sont nos primes qui payent pour ces crimes… »
« Les seules personnes qui s’occupent de ces vols, ce sont nous! La communauté, Truck Stop Québec et ses 180,000 fans. Ce sont nous qui faisons la différence quand on travaille tous ensemble à retrouver les équipements, en partageant les publications sur les réseaux sociaux. »

Sur une note plus positive, le renouvellement des flottes pour des camions de plus en plus récents, les nouvelles technologies telles que le log électronique, les systèmes de repérage des camions et des remorques, les « dash cam » sont tous des dispositifs qui aident les entreprises et les assureurs pour le coût des primes, tout en rendant le transport plus sécuritaire.

Pierre Gagnon

« Tous les camions devraient être munis d’une dash cam, que le camion roule aux États-Unis, en Ontario ou au Québec… Ça devrait être un automatisme que d’installer une dash cam. Surtout aux États-Unis. C’est hyper important. »

Remerciements à Pierre Gagnon, de Burrowes, que vous pouvez rejoindre à pour une soumission via www.burrowes.ca ou par téléphone au (418)580-7991.

Podcast du 9 janvier 2019 avec Pierre Gagnon de Burrowes et Serge Bisaillon de ProTruck Magazine ici!

Sophie Jacob, rédactrice en chef
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Sophie Jacob possède une solide expérience et des qualifications notables dans le domaine de l'édition. En tant que rédactrice en chef chez Truck Stop Québec, elle supervise attentivement le contenu éditorial des articles, des actualités et du programme radio. Elle joue également un rôle actif dans la recherche d'informations et la création de contenus pour les réseaux sociaux, ainsi que dans la réalisation de segments radio de qualité.

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