*Source Le Nouvelliste

(La Tuque) L’ambiance était chargée d’émotion, mercredi, au palais de justice de La Tuque. Marc Létourneau a été reconnu coupable d’homicide involontaire pour des événements survenus le 7 août 2010.

                                               

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Marc Létourneau a exprimé ses regrets à la famille de la victime.

Photo: Audrey Tremblay, Le Nouvelliste

Une roche, provenant de son chargement, avait percuté le pare-brise d’un véhicule circulant en sens inverse causant ainsi la mort d’une femme de 64 ans sur la route 155. Il devra donc purger quatre mois derrière les barreaux et produire une vidéo informative concernant la conduite sécuritaire d’un poids lourd.

La famille de la victime, elle, va pouvoir tourner la page. «Aujourd’hui, ça été difficile pour tout le monde, ses enfants, petits-enfants, frères, soeurs… C’était une personne qui était vraiment très attachante. […] Ça fait trois ans qu’on est là-dessus. Maintenant, ça nous permet de passer à autre chose. Le livre ne se fermera jamais, mais on va vivre d’une façon différente ce décès. Parce que nous, on ne parle pas d’accident, on parle de décès», a affirmé le conjoint de la victime, Denis Hamel.

Le juge de la Cour du Québec, Guy Lambert, a accepté la suggestion commune de la Couronne et de la défense dans le dossier, sans précédent jusqu’à maintenant.

«C’est la première fois que je rends une décision dans un tel cas. […] Il n’y a pas beaucoup de jurisprudence», a souligné le juge.

Il a également mentionné que les camionneurs se faisaient souvent endormir par la routine et que c’est à ce moment-là qu’arrivaient des incidents malheureux. «Les gens doivent être conscients, comme vous vous l’êtes aujourd’hui. S’ils ne prennent pas les précautions requises, il faut en subir les conséquences», affirme le juge Lambert

Selon ce dernier, la peine d’emprisonnement n’a pas besoin d’être extrêmement longue pour avoir un effet dissuasif pour quelqu’un qui n’est jamais allé en prison et pour décourager d’autres individus de commettre le même genre de délit.

Plusieurs facteurs atténuants ont été pris en compte tels l’absence d’antécédents judiciaires, la présence de remords, la famille et le fait que l’accusé était un actif pour la société.

«Il n’y avait pas de présence d’alcool, pas de vitesse, pas de fausses manoeuvres et le camion était en bon état», a aussi fait valoir le juge.

Marc Létourneau a donc été condamné à quatre mois d’emprisonnement en plus d’une période de probation de deux ans, et un suivi probatoire de dix-huit mois. Il devra également effectuer un maximum de 240 heures de travaux communautaires dans un délai d’un an afin de faire une vidéo informative sur «la conduite sécuritaire d’un poids lourd et ses particularités en matière de chargement et de déchargement». Dans l’enregistrement il aura, entre autres, à effectuer un témoignage quant aux impacts que les événements ont entraînés sur sa vie et celle de l’entourage de la victime.

La vidéo sera remise à plusieurs organismes et diffuseurs, notamment à l’école forestière de La Tuque, au ministère des Transports, à la CSST, à la SAAQ, au centre de formation en transport de Charlesbourg et à la télévision communautaire de La Tuque.

Il devra aussi fournir un échantillon pour identifier son ADN et ne pourra posséder d’armes à feu pour les dix prochaines années. Son permis de conduire a également été révoqué pour un an.

Cette décision satisfait les membres de la famille de la victime. «Si la vidéo est faite comme c’est recommandé, oui ça va avoir de l’impact. Ça va sûrement allumer d’autres camionneurs. Si on en allumait juste quelques-uns, ça éviterait peut-être un événement semblable», estime le conjoint de la victime.

Ce dernier n’en veut pas à l’accusé et il est content que le dossier soit terminé. «Je suis très sincère et je ne lui en veux pas du tout. On voulait que ça se règle, qu’il prenne conscience, qu’il y ait un message clair, et je pense que c’est fait», affirme M. Hamel.

Rappelons que le 7 août 2010, en milieu d’après-midi vers 14 h 50, la voiture dans laquelle prenait place la victime a croisé le camion à benne de M. Létourneau. Une roche un peu plus grosse qu’un ballon de football, estimée par les autorités à environ 33 livres, a percuté le pare-brise du véhicule et a causé le décès, sur le coup, de la victime, Diane St-Laurent.

Cette dernière prenait place du côté passager dans un véhicule où se trouvait, en plus de la conductrice, un enfant de 14 mois. Ce dernier, dont le siège était fixé au centre de la banquette arrière s’en est sorti indemne. La roche a terminé sa course à l’arrière du véhicule à côté de l’enfant.

Une enquête approfondie a alors été ouverte pour faire la lumière sur les faits et circonstances qui ont mené aux accusations. On a notamment eu recours à des reconstitutionnistes de la Sûreté du Québec, afin de reproduire l’accident. Ces opérations ont permis, au terme de plusieurs mois d’enquête, de démontrer que les roches sont bel et bien sorties par la porte de la benne du camion.